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Festival des cinémas euro-africains de Lomé 2006
Illusion !
critique
rédigé par Jean-Marie Mollo Olinga
publié le 31/10/2006

La première édition du Festival des cinémas euro-africains s'est déroulée à Lomé au Togo du 09 au 17 octobre 2006. Au programme, 13 films d'Europe et d'Afrique dont des dinosauriens tels que Pièces d'identité de Dieudonné Mwézé Ngangura (1998), Adanggaman de Roger Gnoan M'Bala (2000), ou encore Le ballon d'or de Cheik Doukouré (1993).
Outre l'absence de films récents, cette première édition s'est illustrée par la piètre qualité des projections. En effet, comment comprendre que la Délégation de la Commission européenne au Togo, à l'origine de cette noble manifestation, soit incapable de se doter d'un vidéo-projecteur correct, et à même d'accompagner une idée aussi louable ? Cette méprise a eu pour corollaire des images jaunâtres de films reconnus pourtant pour leur qualité technique. C'est ainsi que le très maigre public d'Adanggaman, film dont on reconnaît la qualité de la direction photo, programmé à l'Institut Goethe et au campus universitaire, a souffert le double martyre. Non seulement il a dû se contenter des images relayées par un vidéo-projecteur d'époque, mais aussi a-t-il dû subir la version anglaise du film, alors qu'on se trouvait bel et bien en milieu purement francophone.

La cerise sur le gâteau

Cependant, ces quelques couacs peuvent paraître négligeables au regard de la cérémonie d'ouverture qui a laissé interrogateur plus d'un amoureux du septième art.
Présidée par le nouveau premier ministre togolais, M. Yawovi Madji Agboyibo, la cérémonie d'ouverture de ce festival a eu pour cadre la salle de spectacle insuffisamment climatisée (ce soir-là) du somptueux hôtel du 02 Février. Après les discours de circonstance - dont on retiendra de celui de M. Filiberto Ceriani Sebregondi, chef de la Délégation de la Commission européenne au Togo que : "Souvent oubliée, la culture est pourtant vitale. Une plus grande attention doit lui être accordée en tant que domaine de coopération. Il s'agit par ce moyen d'assurer la préservation du patrimoine et de la diversité culturelle des pays africains, et d'autre part d'encourager la production culturelle et sa mise en valeur" - la salle s'est vidée aux trois quarts. Le premier ministre, le chef de la Commission européenne et toute leur suite ayant préféré le cocktail d'ouverture situé à l'étage supérieur de l'hôtel, et se privant par le fait même d'honorer de leur présence le film inaugural, La colère des dieux. Un cinéaste ivoirien présent dans la salle, scandalisé, s'interrogera : "Comment Idrissa aurait réagi s'il avait été là ?" C'est l'occasion de signaler, pour le relever, qu'aucun réalisateur ni comédien étranger dont les films meublaient pourtant le programme n'avait été invité à ce premier festival qui, par ailleurs, n'avait retenu aucun film togolais. Eu égard à ce respect illusoire de la chose cinématographique africaine non seulement par les politiques du continent, mais aussi par ces étrangers qui la financent à doses infinitésimales, l'on ne peut que regretter l'organisation approximative de manifestations telles que les RECITEL qui se sont déroulées au même moment.

Jean-Marie MOLLO OLINGA,
IIè Vice-Président de la FACC,
Cameroun

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