C'est une satire et une parodie sur le fameux visa, pièce indispensable pour voyager dans l'un des pays européens de l'espace Shengen. Le court-métrage Visa du réalisateur – producteur tunisien Ibrahim Letaïef portait initialement celui de La dictée en référence à celle annuelle de Bernard Pivot. Mais dans ce film de vingt six minutes, il s'agit d'une autre dictée contenue dans les conditions d'obtention du visa pour la France. Une pénible épreuve, à laquelle doit se préparer le personnage principal du film. L'humour froid prédomine dans une suite de scènes et de seynettes. On en rit et on en rit encore aux clins d'œil jetés à nos situations et problèmes de tous les jours.

Le style humoristique réussit bien à Ibrahim Letaïef. Il nous en donnait déjà le ton dans son premier court-métrage de fiction : "Un rire de trop" où il parodiait une variété télévisée.

La préparation tous azimuts pour la dictée, est un nouvel exercice de pré-intégration dans la société française ; où le héros ne parlera que français chez lui, ne regardera que les programmes de France 2 et ne mangera que de la cuisine française !

Un rôle sur mesure pour Jamel Madani dans son jeu "bêbête" mais qui se rapproche beaucoup des personnages illettrés à la recherche d'un avenir meilleur pour eux et pour leurs enfants.

Ce "dur" apprentissage, sera suivi par de mauvaises surprises et tout le travail accompli, s'avèrera superflu.

Visa est une manière intelligente et élégante d'aborder un sujet préoccupant pour tant et tant de gens qui rêvent de voyages et d'arriver peut être à s'installer dans le pays d'accueil pour changer d'air et de vie et gagner ainsi beaucoup d'argent, sous d'autres cieux. Ce film dit autrement les maux, avec beaucoup de sincérité et de naïveté.

Ce passage "obligé" vient dire haut et fort "qu"il ne manquait que la dictée !" boutade d'un cinéaste africain furieux d'avoir reçu tardivement son visa et qui faillit rater le festival européen dans lequel son film était sélectionné. D'ailleurs, l'idée du film est venue de cette situation, comme nous l'a déclaré le réalisateur Ibrahim Letaïef. Le film suit un rythme léger pour dire moults choses graves. Le rire est une réaction à la fois positive et négative pour reconnaître ses fautes et celles des autres.

Ibrahim Letaïf réussit à faire passer son message et nous laisse méditer sur d'autres lendemains avec ou sans visa.

Lotfi BEN KHELIFA