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Ceux qui ont vu "Cinque" dans Amistad
Djimon Hounsou
critique
rédigé par Godefroy Macaire Chabi
publié le 07/11/2006
Godefroy M. Chabi
Godefroy M. Chabi
Djimon Hounsou
Djimon Hounsou

Béninois. L'homme que voici est de chez vous. Truculent acteur. Sémillant aussi. Perçant les écrans mondiaux dans un style hollywoodien pur sucre. La révélation passe par un "mauvais bon" rôle. Chef esclave Cinque dans le drame de Steven Spielberg, AMISTAD. Cette image traversa l'Atlantique pour bouger dans la plus petite salle obscure du Bénin, pays d'origine de l'acteur. Reste à minimiser Stargate en 1990 pour évoquer AMISTAD qui sanctifia Djimon, premier africain évoluant à Hollywood. La carrière de l'enfant du pays de vaudou brille de mille feux depuis ce premier vrai rôle au cinéma. Passée donc la période où il ne tenait que de petits rôles de figurant.

De la galère à la montée en flèche

Èmigré en France, ratant ses études de médecine, exclu de sa famille, il devient sans domicile fixe. Bien obligé de vagabonder pour joindre les deux bouts, rien ne le prédestinait à l'écran, sinon son corps dont il ignorait quasiment les atouts. Mais au fort de l'errance, la Providence le suggéra à un ami de Thierry Mugler. La petite histoire. À 22 ans alors qu'il se lave dans une fontaine de Beaubourg, le corps de Hounsou fait tilt dans la tête de ce dernier qui en causa, un tantinet, avec le grand créateur Mugler. Carte d'affaires. Recommandation. Djimon commence une carrière de Top Model. La mayonnaise prit et subodorant d'une future vie talentueuse, il se gonfla d'ambition et décide alors de partir en 1990 aux États-Unis. Los Angeles notamment, où il prête sa silhouette à des "vidéo-dance" de popstars. Un certain David Fincher l'enrôle pour des clips. Et il montra sa tronche dans trois vidéos : Roll with it de Steve Winwood, Express yourself de Madonna et Straight up de Paula Abdul. Il va plus tard prêter ses services à Janet Jackson dans Love will never do without you.

Au cinéma avec Djimon…

Le grand public l'a vu dans la cale du bateau La Amistad où chef esclave il n'a pas supporté de quitter son métier de fermier, sa terre natale, sa famille pour l'ailleurs pénitentiaire outre Atlantique. Avec 52 autres frères de sang, tous guidés par la même conviction, ils se rebellent. Et lui, Djimon, en contexte Cinque, prend la direction de la révolte. "Je ne voulais pas préparer ce film sans avoir un Cinque totalement crédible. Nous avons été très chanceux, en pleine étape de casting, de voir venir Djimon Hounsou. Sans cette partie du cast, je n'aurais pas été plus loin dans la production." Spielberg, le réalisateur témoigne par ailleurs qu'au terme du casting "...il était Cinque. Il était courageux, sympathique, coléreux, il avait sa dignité...tant de choses combinées. Djimon a une paix en lui mais une force dehors, ce qui le rendait parfait pour ce rôle." Dans ce film, confirme la productrice et initiatrice du projet, Debbie Allen "on ne voulait pas d'un héros qui soit juste un héros. Djimon avait cette magnifique qualité de pouvoir mais aussi de vulnérabilité, ce qui était parfait pour ce personnage."
Djimon s'est révélé le ticket gagnant parmi une centaine d'acteurs qui postulaient pour ce rôle. Sa rencontre avec Spielberg ne s'est alors pas révélée décevante. Les fruits portèrent la promesse des fleurs. Ce d'autant plus que Djimon rend en 152 minutes le film puissant, inspiré et spectaculaire. Son rôle va, selon les critiques, de la sagesse polie à la furie intense. Il fait un véritable pied de nez à ceux qui tentent de faire le parallèle entre Cinque, incarnation de l'humiliation humaine et sa propre expérience d'ancien SDF. "Je n'ai jamais vécu l'esclavage. Je n'ai jamais été enchaîné, mis en prison ou même traité comme un animal. J'ai dû rendre ce traitement crédible, afin que les gens me voient et comprennent la douleur que Cinque a dû endurer." s'offusque Djimon qui voit son rôle d'une manière assez simple et positive.
À 41 ans fermés, la filmographie est dense. Plus d'une vingtaine de films ayant capté son image. Parler du cursus de Djimon ne peut qu'être en filmographie sélective. Mis de côté Amistad, depuis 1990, il s'est bâti une riche et prolifique filmographie. Entre autres films, il a joué dans Without you I'm Nothing de Boskovich, Unlawfull entry de Kaplan, Stargate de Emmerich. Tout récemment, en 2004, Beauty Shop de Bille Woodruff, Constantine de Francis Lawrence, Blueberry de Jan Kounen. Décidément, ça prolifère de son côté, Djimon ! Et les récompenses suivent immédiatement. Nominé aux Oscar pour le meilleur second rôle avec In america, il est ensuite classé 7ème meilleur acteur noir.

Djimon, l'Africain ?

Combattant brut dans Gladiator, esclave dans Amistad, guerrier massai dans Tomb Raider, soldat soudanais dans Frères du désert, soldat égyptien dans Stargate, Djimon est rattrapé en constance par son identité nègre dans la bobine. Il a toujours incarné l'Africain tel qu'il surgit de l'inconscient occidental. Mais cela a du sens pour lui. "Je suis africain donc plus à même de jouer le rôle d'un Africain. Ce sont des rôles qui m'ont été proposées et que j'ai acceptés. Ce sont des rôles qui m'ont permis de me révéler au grand public et qui me permettent de m'imposer en tant qu'acteur. Aujourd'hui, je joue d'autres rôles".
La faiblesse de ce fils du Continent est sa légère connaissance du cinéma africain. Sans minimiser ce cinéma, il se demande encore, à quoi cela ressemble. "Pour être franc, je dois dire que je ne connais pas le cinéma africain. Je suis parti très tôt du continent et maintenant, je suis tellement consumé par le cinéma d'Hollywood".
Faiblesse légendaire du cinéma africain, caserné dans son cocon, les productions africaines n'arrivent pas jusqu'à Los Angeles, poursuit Djimon. "Pour convaincre les autres à s'intéresser à ce qui se fait comme cinéma sur le continent, il importe, souligne t-il que les producteurs sachent ce que veulent les autres... et faire la combinaison de tout cela avec les réalités africaines". Cette réalité ne bouscule nullement le rêve que caresse l'enfant à l'architecture corporelle sculpturale de briguer un rôle dans le cinéma africain. À condition que pour lui le rôle dégage une certaine intégrité morale et présente à fond l'âme spirituelle de l'homme africain. Ainsi se résume le credo cinématographique de Djimon pour le continent qui l'a vu naître.

Godefroy Macaire CHABI

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