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Mais où sont les films sénégalais ?
Edition Spéciale JCC 2006
critique
rédigé par Mohamadou Mahmoun Faye
publié le 17/11/2006
Mohamadou Mahmoun FAYE
Mohamadou Mahmoun FAYE

Depuis samedi 11 novembre dernier, le cinéma africain et arabe est à la fête à Tunis. La 21ème édition des célèbres Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) se déroule dans la capitale tunisienne jusqu'à la fin de cette semaine.

TUNIS (Tunisie) – L'avenue Habib Bourguiba, principale artère de la capitale, est une sorte de promenade des Tunisois qui y viennent en couple, en famille ou en solitaire. Elle est toujours grouillante d'un monde qui se faufile entre les voitures qui roulent à vive allure et le tramway dont l'avertisseur se fait entendre de loin. Ses lampadaires sont ornés de photos, en noir et blanc, de tous ceux qui ont fait (ou qui font) l'histoire du cinéma africain : des Sénégalais Ousmane Sembène et Djibril Diop Mambéty, en passant par la Tunisienne Moufida Tlatli ou le Bissau guinéen Flora Gomes. Une exposition originale, en plein air, qui est un hommage à ces professionnels du septième art au moment où, justement, les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) célèbrent leur quarante années d'existence. C'est en effet en 1966 que ce festival du cinéma africain et arabe a été institué par les autorités culturelles tunisiennes. Depuis elles se tiennent sans discontinuer tous les deux ans. Des centaines d'invités venus de tous les coins du continent et du monde arabe font de Tunis, l'espace d'une semaine, la capitale du cinéma.
Cette biennale du septième art est d'ailleurs "le plus ancien festival cinématographique du Sud encore en activité", vous disent avec fierté ses organisateurs parmi lesquels on retrouve le célèbre réalisateur tunisien Férid Boughédir (directeur artistique) auteur du déjà classique Halfaouine. Lundi soir à la salle du Colisée, c'est lui qui est monté sur scène pour présenter Bamako, le nouveau long-métrage du Mauritanien Abderrahmane Sissako qui fait tant parler de lui du fait du délicat sujet qu'il aborde (un procès de la Banque mondiale et du Fonds Monétaire International qui se tient dans la cour d'une concession de la capitale malienne). Depuis quarante ans, les salles des JCC ont vu passer toute une génération de cinéastes dont certains ont même été révélés à Tunis : l'Egyptien Youssef Chahine, le Malien Souleymane Cissé, le Burkinabé Idrissa Ouédraogo…, et tant d'autres.
Cette année, chose rare, il n'y a aucun film sénégalais en compétition officielle des longs-métrages. Pourtant c'est une fiction bien sénégalaise, Le Prix du pardon de Mansour Sora Wade, qui avait reçu le Tanit d'or il y a quelques années. Cela reflète bien la crise que traverse notre cinéma car il y a juste un mois, on notait la même "absence" au Festival international du film francophone de Namur, en Belgique. Et comme lors du FIFF, le Sénégal n'est présent aux JCC de cette année que dans la section vidéo avec Bul déconné de Massaër Dieng et Marc Picavez, Deweneti de Dyana Gaye (qui était en compétition à Namur) et le documentaire Fer et verre, sur la peintre sénégalaise Anta Germaine Gaye, réalisé par Ousmane William Mbaye. Le Sénégal sera-t-il absent (au niveau des longs-métrages de fiction) au prochain Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO) qui aura lieu en février 2007 dans la capitale du Burkina Faso ? La question mérite d'être posée. Espérons que d'ici là des films (comme celui que vient de tourner Moussa Sène Absa) vont être bouclés. En tout cas on est loin du début des années 1990 où, à Carthage, on apercevait à chaque coin de couloir des hôtels Abou Nawas ou El Hana International les silhouettes d'un Mambéty, d'un Sembène ou d'un Clarence Delgado. Cette année à Tunis, seule la comédienne Rokhaya Niang (Madame Brouette, Le Prix du pardon) sauve l'honneur du cinéma sénégalais car elle a été choisie comme membre du jury des longs-métrages. Lundi soir, nous l'avons rencontrée, accompagnée de la réalisatrice burkinabé Fanta Régina Nacro (elle aussi membre du jury), lors d'une soirée organisée par l'Afrique du Sud et où se produisaient un groupe de danseurs zoulous et un orchestre malien. Ce même orchestre s'est produit mardi soir au cours d'une soirée en hommage au grand musicien malien Ali Farka Touré, disparu il y a quelques mois. D'autres hommages sont rendus à d'illustres disparus, comme cette large fenêtre ouverte sur la filmographie de l'Ivoirien Henri Duparc avec la projection de Bal Poussière, Caramel, Une couleur café, Rue Princesse, Le sixième doigt…, autant d'œuvres dans lesquelles se dégage l'humour caustique de ce cinéaste décédé il y a juste quelques mois. Un autre hommage est rendu à l'écrivain égyptien Naguib Mahfouz, Prix Nobel de littérature, mort en cette année 2006, dont on oublie souvent qu'il fut aussi un brillant scénariste.

De Modou Mamoune FAYE, envoyé spécial

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