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Roger Kwami Mambu Zinga (RDC) :
Afriques 50 : Singularités d'un cinéma pluriel. (L'Harmattan, 2005)
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 08/01/2007

Le cercle des pionniers du cinéma africain se réduit. La disparition de Roger Kwami Mambu Zinga, en février 2004, marque la perte d'une partie de la mémoire audiovisuelle de la République Démocratique du Congo. Le réalisateur, né en 1943, à Kinshasa, est reconnu comme un ardent défenseur du cinéma et un homme de télévision incontournable. Sa gentillesse était l'un des atouts de son tempérament diplomate et patient.

Après des études de cinéma à l'Institut des Arts de Diffusion, à Bruxelles, Roger Kwami Mamabu Zinga apporte une contribution notable à l'essor de la télévision zaïroise. Il en devient directeur pendant plusieurs années, et cultive une production de documentaires attachés à défendre les valeurs du pays.

Son premier court-métrage, Moseka, en 1972, pose les questions de l'identité des Africains qui partent travailler en Europe. Une jeune fille se demande comment s'habiller, se coiffer, en questionnant sa position face au regard de l'étranger. Lauréat du prix du court-métrage au FESPACO, le film ouvre la voie à des sujets en prise avec les questions de l'actualité.

Le cinéaste s'affirme comme un témoin curieux avec Solidarité, 1974, L'esprit du Salongo, 1975, tournant des sujets de proximité tels Festival National de la Culture et des Arts, 1976, Premier congrès de l'Uprona, 1978. Son style direct vise l'efficacité pour toucher les spectateurs, et marque sa première fiction, N'Gambo, en 1984. Ce moyen-métrage aborde les drames de l'avortement clandestin chez les jeunes écolières.

Roger Kwami Mambu Zinga utilise le cinéma comme un outil pédagogique en projetant lui-même ses films dans les écoles et les établissements catholiques implantés dans tout le pays. Ses fonctions à la télévision et son poste de Secrétaire général pour l'Afrique centrale à la Fédération Panafricaine des Cinéastes, l'occupent encore plus que la réalisation.

Il y revient avec brio pour Wendo, père de la rumba zaïroise, en 1992, un portrait qui réévalue la carrière de l'un des musiciens les plus populaires dans les années 1950. Le film, coproduit en Belgique, souligne le lien particulier que Roger Kwami Mambu Zinga entretient avec le pays où il s'est formé au cinéma.

Engagé dans de nouvelles productions pour la télévision, le réalisateur n'a pu mener à terme son premier long-métrage de fiction, Libanga, dont il rêvait depuis plusieurs années. Un constat suspendu sur les dures réalités de l'ex-Zaïre, vues par un observateur constant et courtois.

par Michel Amarger
octobre 2004