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L'avenir fantôme
Afriques 50 : Singularités d'un cinéma pluriel (L'Harmattan, 2005)
critique
rédigé par Isabelle Boni-Claverie
publié le 08/01/2007

Il existe des films africains, et certains sont magnifiques. Mais existe-t-il un cinéma africain ? Sur le plan esthétique, peut-être. En termes de réalité concrète, il est permis d'en douter, vu l'absence d'une économie du cinéma sur le continent. Qu'est-ce qu'un cinéma sans public, sans salles, sans argent, sans réseau de distribution ? Un rêve de pellicule qui moisit au fond d'une cave mal ventilée. C'est sans doute notre plus criant échec. Sera-il résolu dans cinquante autres années, lorsque le cinéma africain sera devenu un respectable ancêtre dont on fêtera le centenaire ? Il ne m'est pas permis de répondre, tout au plus de noter que les mêmes difficultés se heurteront aux mêmes impossibilités tant que les pouvoirs publics et les entrepreneurs privés n'auront pas pris le relais des cinéastes qui, rappelons, n'ont pas vocation à tout régler.

Les réalisateurs africains ont dû, jusqu'à présent, se battre sur tant de fronts que bien souvent il ne leur est plus resté assez d'énergie pour l'essentiel : donner chair à leur inspiration, faire un film, le plus beau film possible, un film qui touche profondément le public, quel que soit ce public et où qu'il se trouve. Car, peut-on décider à l'avance de qui vous aimera ?

C'est à cette place modeste, que, pour ma part, je me situe. Aujourd'hui, j'arrive à un moment charnière de ma toute jeune carrière, le passage au premier long-métrage. La conjoncture, dirons-nous, n'est guère favorable. Pourtant, j'ai confiance. En mon talent. En ma singularité. En ma capacité d'embrasser le monde. Mes films seront-ils africains ? En tout cas, moi je le suis. Mais d'une Afrique contemporaine, cosmopolite et décomplexée, qui se souvient de ses traditions mais n'a plus besoin de s'y réfugier pour se croire une identité. Une Afrique qui assume son acculturation et, au fond, ne se sent pas si différente.

par Isabelle Boni-Claverie