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Oser parler la "langue" de ses rêves et désirs
Bulletin Africiné n°03 (FESPACO 2007), du Lundi 26 février 2007.
critique
rédigé par Bassirou Niang
publié le 12/03/2007

La 20ème édition du FESPACO aura été l'occasion pour le Secrétaire Général de l'Organisation Intergouvernementale de la Francophonie (OIF) de s'adresser à la communauté des gens qui, du 24 février au 03 mars vont vivre à Ouagadougou des moments intenses de communion, de partage, pouvant nourrir leurs différences et grandir un continent que ses fils honorent. De la lutte contre l'uniformisation des cultures, Monsieur Diouf en a parlé lors de l'ouverture de ce grand événement du cinéma africain devant de dignes ambassadeurs de leurs peuples.

"Là où existe une volonté, existe un chemin", disait le regretté Ken Saro Wiwa. Les peuples ont le choix de la différence et le droit de l'exprimer. Voilà qui cadre bien avec le discours du Secrétaire général de l'OIF, son Excellence le président Abdou Diouf. Lequel prône une détermination de la part des Africains dans l'unicité de leur combat. Il s'agit, en vérité, d'épouser sans ambages, les exigences de son temps pour connaître les défis à relever en vue d'un futur non discriminatoires. La conscience de ceux qui veulent une diversité culturelle dans un monde qui ne cesse de marcher vers sa totalisation, est désormais debout. Les Africains, surtout ceux de l'espace francophone, ne militent pas pour une cause aussi juste pour, au bout du compte, mériter le qualificatif de "ceux là qui sont différents", mais plutôt dans le but de prouver aux autres que dans les contours de leurs identités respectives et civilisations nourricières, ils ont toujours la possibilité d'offrir quelque chose de précieux à l'humanité. Voilà pourquoi le but sera de faire la promotion de "l'égale dignité de toutes les cultures et le génie créatif propre à chaque peuple" à laquelle le Secrétaire Général de l'OIF fait allusion. Mais devant ce combat mené pour notre survie, il s'agira "de faire ce que nous disons, ce à quoi nous aspirons". Oui ! De se rendre à l'évidence que le moment de l'action est plus précieux que celui du discours.
En cela, le cinéma - ce moyen que nous avons de véhiculer notre regard, de donner à voir dans la liberté notre monde - demeure un pilier fondant ses vues sur les richesses d'une Afrique tendant à devenir continent-miroir. Par l'image, et le son qui l'accompagne, les Africains supportent les ambitions socioculturelles de leurs peuples. Ces peuples qui ont le droit à une postérité, le droit de léguer un héritage à leurs enfants pour leur éviter de paraphraser Margueritte Duras, amère : "Très vite dans ma vie, il a été trop tard". Trop tard pour se réapproprier sa propre différence face à la déferlante de "l'uniformisation des cultures" qui n'est, à vrai dire, point le modèle qui sied à toutes les sensibilités.
Nous méritons mieux et nous le disons avec dignité : Nous ne sommes pas le continent des hommes et des femmes qui se mirent dans la culture des autres pour donner une signification à leur existence. Mais bien celui qui parle la "langue" de ses rêves et désirs.

Bassirou NIANG

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