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Le paradoxe de la misère
Mieux vaut mal vivre que mourir, de Justine BITAGOYE et Gaudiose NININAHAZWE (Burundi)
critique
rédigé par Bassirou Niang
publié le 15/03/2007

Le souhait de Nyandiwi, 18 ans, est de devenir mécanicien. Mais dans l'attente d'un destin heureux, il est obligé de vivre au dépotoir de Bujumbura, de fouiller dans les ordures pour trouver de quoi donner un sens à sa vie. "Je ne mendie pas, je travaille", dit-il. En substance, une vie lamentable vaut mieux que la mort.

Le dépotoir, bien qu'ayant les attributs d'une montagne insolente de rejets, est capable de procurer des brins de joie à ceux qui la côtoient au point de leur fournir même le sentiment d'une existence acceptable. La confiance de la mère du jeune garçon, Marguerite Nyabemda, souligne ce paradoxe : "Je suis contente de la vie que je mène". Pourtant, elle a toutes les raisons d'être malheureuse : de ses douze enfants mis au monde, il ne lui en reste que deux, dont Nyandiwi. Celui-ci, par la débrouillardise et par l'habitude du mal-vivre, traque des objets métalliques en compagnie d'une horde d'enfants, concurrents de ses ambitions, pour se faire de l'argent. Ces objets sont revendus au marché, et les jours de bonne moisson sont perçus comme une bénédiction de Dieu. Cette dernière lui donne la force d'être généreux : Nyandiwi, dans les moments de vaches grasses, offre des cadeaux à ses voisins. Une humanité qui défie la froideur du dépotoir.

Incroyable mais vrai, dans le fil de ses confidences luit une joie étonnante : "ce qui m'a plu, c'est la viande de chèvre que les militaires sud-africains de l'ONU sont venus jeter au dépotoir !" Une viande ramassée qui lui aura permis de gagner beaucoup d'argent pour pouvoir rire avec ses compagnons de condition. La musique de Bob Marley dansée dans la pénombre d'une chambre mal éclairée par une lampe tempête souligne l'instant joyeux. Mais Nyandiwi sait que sa vie perdrait de son sens si elle n'était meublée par la présence d'une femme. Le manque de moyens compromet ce désir, surtout quand il voit dépité les militaires de l'ONU plier bagage et emporter avec eux l'espoir des familiers du dépotoir.

Bassirou Niang (Sénégal)

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