AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
25 005 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Les chemins possibles vers la paix
Daratt (Saison sèche), de Mahamat-Saleh Haroun (Tchad)
critique
rédigé par Ludovic O. Kibora
publié le 16/03/2007

Atim est un jeune orphelin dont le père a été tué par un certain Nassara, pendant l'une des interminables guerres civiles qui minent le Tchad depuis plusieurs décennies. Pour laver l'honneur de la famille, le grand père d'Atim lui demande de tuer Nassara afin de venger son père. Est-il facile de tuer un être humain sur une telle injonction ? Le pardon est-il possible entre des Hommes qui se sont mutuellement mutilés dans leurs âmes et dans leurs chairs ? 95 minutes de suspense et de tensions, pendant lesquelles la caméra du réalisateur tchadien Mahamat-Saleh Haroun nous dévoile l'aridité d'une nature qui par endroits s'identifie à celle des relations sociales, qui nous embarquent dans un cycle infernal de violence. De façon récurrente, les images qui défilent en dehors du champs de la camera, renforcent cette réflexion qui habille l'attente du spectateur dans la compréhension du dénouement final. Ainsi, la violence hideuse qu'on ne saurait voir, est cachée avec intelligence.
Histoire de guerre, histoire d'amour, hymne à la paix où la voie à suivre reste ouverte, plutôt suggérée que dictée. Mouvements de caméra et lumière bien dosés pour soutenir une intrigue à travers laquelle, des thématiques diverses se bousculent dans une ambiguïté ambiante, pour aider à éclairer d'avantage les chemins, possibles de sortie de crise. Mais, la violence n'est-elle pas inhérente à l'existence humaine ? Le gros plan sur le visage souriant d'Atim, les couleurs vives qui accompagnent l'apparition à l'écran d'Aïcha (la bien nommée) épouse de Nassara, sont autant d'indications qui confirment que le jour naît de la nuit. Daratt, ce troisième long métrage du réalisateur d'Abouna, était en postproduction au moment même où les démons de la guerre revisitaient le Tchad en 2006. Contribution heureuse à la réflexion sur le pardon, la paix et la coexistence pacifique, ce film n'a pas usurpé sa distinction acquise au festival de Venise de 2006.

Ludovic Kibora (Burkina Faso)

Films liés
Artistes liés
Structures liées