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Contre les clichés…
Conversations on a Sunday afternoon, de Khalo Matabane (Afrique du Sud)
critique
rédigé par Maman Sani Soulé Manzo
publié le 16/03/2007

Kenilwe, écrivain engagé, cherche à en savoir plus sur la guerre et l'exil des Somaliens. Grâce au témoignage de Fatima qui, après une première rencontre, se dérobe au jeu des questions-réponses. Pour retrouver Fatima, Kenilwe fera un long "parcours du combattant" dans une ville où, à son grand étonnement, afflue une humanité miséreuse en quête de pain et de paix. Telle est le prétexte choisi par le réalisateur Sud africain Khalo Matabane pour donner à voir et à réfléchir, à travers Conversations on a Sunday afternoon, un documentaire d'une durée d'une heure, sur les rapports de la Nation Arc-en-ciel avec le reste du monde.

Ce documentaire, dont le montage laisse à désirer puisqu'il passe souvent "sans raccords" d'un plan à un autre, est constitué de témoignages d'émigrants et de réfugiés Congolais rescapés du mobutisme, de Chinois fuyant la répression des étudiants et cyberdissidents, de Mozambicains et Rwandais craignant la famine et les tribunaux Gacaca, d'Ougandais, de Tanzaniens et de citoyens de Trinidad et Tobago à la recherche de mieux-être, de Palestiniens fatigués de l'occupation israélienne, d'ex-Yougoslaves en quête d'horizons plus cléments, etc.

Si certains de ces émigrés rêvent encore de se réaliser dans cette Afrique du Sud ou de rentrer chez eux dès que les conditions seront réunies, d'autres se plaignent de vivre dans un univers sinon de type apartheid du moins très carcéral, comme en attestent ces nombreux prisonniers originaires des pays voisins que Khalo Matabane écoute se plaindre plus qu'il ne les interroge.
D'aucuns affirment être emprisonnés pour défaut de visa, la plupart sont en quête d'assurance-maladie, de sécurité sociale et de sécurité tout court. Et, à voir les décors misérabilistes où se déroulent ces drames personnels les questions qui viennent à l'esprit sont plus proches du célèbre "nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde" de Michel Roccard, premier ministre français que de "la célébration de l'amitié et de la solidarité entre les peuples". Les beaux quartiers n'apparaissent que lorsque Kenilwe passe d'une banlieue paumée à un ghetto repoussant, à la recherche de Fatima qu'il retrouve d'ailleurs avec une situation confortable et donc désireuse d'oublier son passé somalien.

Il est symptomatique que toutes les musiques du film soient d'un ton mélancolique proche de la complainte. Ce qui est souligné par cette scène insolite de Noirs peinturlurés en zombies marchant avec des pancartes noires sans slogans. Zombies émigrés ou sud africains ? À l'évidence, Conversations on a Sunday afternoon ramène l'Afrique du Sud à ses justes proportions : un pays en construction mais en quête de soi-même. Loin des clichés laudateurs qui trompent les pauvres hères d'ici et d'ailleurs.

Sani SOULÉ MANZO (Niger)

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