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La lente remontée vers l'espoir
Barakat !, de Djamila Sahraoui (Algérie)
critique
rédigé par Fortuné Bationo
publié le 20/03/2007

Plongée dans la sombre évidence d'un mari disparu, Amel dort les poings serrés et l'oreille aux aguets : sur le lit un téléphone a remplacé le bien-aimé pour tenir éveillé l'idée de le retrouver. Devant le silence des pistes et la passivité de la police, le message du voisin résonne presque comme une délivrance : Mourad, ce journaliste aux écrits critiques, serait entre les mains de fondamentalistes religieux. Amel et son amie d'âge mur entreprennent de l'en extirper avec toute l'énergie du désespoir qui mine ce genre de mission. Arrêtées, elles seront par la suite relâchées avec le terrible sentiment de s'être lancées sur une fausse piste.

Film de mémoire, d'angoisse et de rendez-vous manqués avec la liberté, Barakat ! réussit à panser les plaies béantes laissées par les ravages de l'intolérance religieuse.

Dans une Algérie en guerre avec ses propres croyances et où les disparitions soudent des destins meurtris, c'est tout le combat de la guerre de libération qui jette ses symboles dans les flammes de l'islamisme radical.

À la recherche de son mari, Amel découvre que d'autres mémoires habitent déjà cet océan plein de rêves perdus et de vies à vau l'eau. Remontant le cours de leur chagrin éparpillé dans le temps, les protagonistes réapprennent à vivre à travers des confessions réciproques. En s'échangeant le fardeau de leur âme, ils forment le poste avancé du pardon qui a besoin de toute la patience d'un chariot pour arriver à bon port. C'est un nouveau temps dans lequel la femme prend toute sa place et où elle ne se contente plus d'être passive. Amel va très loin de chez elle pour découvrir une réalité toute proche finalement.

Les longues séquences très marquées dans le film sont une façon d'alourdir l'atmosphère de deuil vaporeux et de graver un relief solennel. Même quand les personnes quittent le plan, la caméra continue de filmer le vide qu'ils ont laissé. Témoin, un long plan en contre-plongée qui donne aux herbes sauvages l'architecture d'une gerbe de fleurs. À force d'exploiter ce registre, les séquences finissent malheureusement par traîner en longueur et à affecter le rythme du récit. Tout semble baigner dans une atmosphère pesante : la langueur finit par produire de la longueur. C'est un dispositif qui semble résulter de son expérience de réalisatrice de documentaires. Beau travail toutefois de cicatrisation prôné par le film.

Fortuné BATIONO (Côte d'Ivoire)

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