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Victime de ses richesses
Blood diamond, d'Edward ZWICK
critique
rédigé par Moussa Bolly
publié le 10/05/2007

En mars 2007 dernier, Blood Diamond ou les Diamants du Sang d'Edward Zwick était à l'affiche des salles Babemba à Bamako. Certes on était loin du record de Bamako d'Abderrahmane Sissako, mais l'affluence était grande. Beaucoup de gens ont certainement accouru pour redécouvrir Leonardo DiCaprio (dans le rôle du mercenaire sud africain) qui leur a laissé un souvenir pathétique et émouvant dans Titanic. Et d'autres pour découvrir le séduisant Béninois Djimon Hounsou (fermier) et la sublime Jennifer Connelly (journaliste).
En dehors de l'esthétique et de tout le débat suscité autour de ce film sorti en Europe le 31 Janvier 2007, on est tenté de se poser la question : qu'est-ce que le réalisateur nous apporte de plus ? Parce que le drame sierra léonais ne nous est pas en inconnu. Tout comme la tragédie de ces bras valides réduits en "manches longues" ou en "manches courtes" pour que l'avenir de leur pays ne soit plus dans leurs mains.
Le mérite de ce film, c'est qu'il situe la responsabilité des drames africains. Comme le disait un altermondialiste, "l'Afrique est malade de ses richesses". Tout le problème de ce continent éprouvé provient de là, depuis la nuit des temps, de la saignée provoquée par l'Esclavage européen durant 5 siècles à nos jours. Et Blood Diamond le restitue bien en se référant à la tragédie que la Sierra Leone a connue pendant quelques années.
L'ivoire, l'or, le pétrole, le diamant… ! Voilà les raisons du déclin de l'Afrique. Qui arment les milices pour massacrer les populations ? Qui déstabilisent les régimes qui tentent de s'opposer à leurs intérêts ? Ce sont naturellement les lobbies, les multinationales et les marchands d'armes. Le Mano river a été mis à feu et à sang pour contrôler ses immenses gisements de diamant.
Les conflits qui ont ensanglanté l'Afrique ne sont ni des affrontements idéologiques (Angola, Mozambique, le Congo…) ni des crises politiques (Liberia, Sierra Leone…). Ils sont plutôt liés à la convoitise dont l'Afrique fait l'objet de la part des puissances occidentales qui se battent pour s'accaparer des richesses du continent depuis la conférence de Berlin.
Et les forces d'interposition ne sont en réalité là que pour préserver ces intérêts des hordes paramilitaires volontairement créer pour semer la terreur, pour faire diversion afin d'attirer les regards sur le drame humain qui en est consécutif. Les Pyromanes envoient les "Sapeurs pompiers" (forces d'interposition) pour tromper la communauté internationale. En réalité, c'est pour créer les conditions à toutes sortes de trafics pour prolonger les conflits et pouvoir mettre leurs trésors cachés bien à l'abri dans leurs pays.
Et pour se donner bonne conscience, on fait passer les Africains comme des sauvages, de brutes qui coupent les bras des enfants, des femmes. Et ce que Blood Diamond nous apprend, c'est que Fodé Sanko et sa clique de brutes ont de qui tenir. En effet, les "manches longues" et les "manches courtes" ont commencé avec le roi belge Léopold II qui exigeait une main pour chaque centaine d'esclaves. Ce courageux rappel historique ainsi que la désignation du puissant lobby des diamants comme responsable de la tragédie sierra léonaise accentuent le mérite de cette fantastique œuvre de Edward Zwick qui n'a pas encore fini de soulever des débats.

Moussa Bolly

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