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Adieu si Ahmyed
Décès du producteur tunisien A. B. Attia
critique
rédigé par Mohammed Bakrim
publié le 22/08/2007

"Ahmyed" pour les intimes et les nombreux amis à travers la planète cinéma, c'est le nom de code d'une amitié inébranlable avec un grand professionnel de cinéma que nous venons de perdre Ahmed Bahaeddine Attia, producteur de cinéma, Tunisien, mais c'est une indication purement administrative car Attia appartenait au cinéma, aux films qu'il aimait produire, accompagner… dans ce sens il est quelque part aussi Marocain ayant beaucoup travaillé dans notre pays et ayant noué de solides relations de travail et d'amitiés.
Né en 1946 à Souss, ville côtière du centre de la Tunisie qui a engendré beaucoup de cinéastes et de cinéphiles (l'équivalent de notre Tanger !), Attia a rejoint très tôt l'un des ciné-clubs en activité dans la ville ; il transforma cette passion juvénile en choix professionnel en optant pour des études de cinéma à Rome et surtout en s'investissant à fond dans un créneau à risque : la production. Une position qui lui permettait en fait d'intervenir en homme orchestre du cinéma tunisien, maghrébin et africain. Il produisait des films, veillait à leur distribution, il avait même monté un réseau d'exploitation, intervenait en tant qu'expert à divers niveaux institutionnels. Il était ainsi un homme d'action, toujours sur le terrain mais aussi un homme de réflexion, un "pilote" de projets aussi bien en tant que président de l'association des cinéastes tunisiens, ou en tant que dirigeant de la fédération panafricaine des cinéastes africains. Hmayed était aussi un homme de fête, il aimait le cinéma comme il aimait la vie, il participa ai lancement de nombreuses manifestations cinématographiques ; la période où il dirigea les JCC de Carthage était une des plus riches pour cette rencontre importante pour l'Afrique et le maghreb.
Il était également un visage familier des grands rendez-vous de cinéma internationaux ; à Ouagadougou c'était un régal de discuter avec lui lors des nuits étoilées au bord de la piscine de l'hôtel Indépendance, haut lieu nocturne du Fespaco ; il aimait venir à Tanger, était devenu un familier du festival de Marrakech dont il n'arrêtait pas de souligner la pertinence et la haute qualité professionnelle.
Le nom d'Ahmed Bahaeddine Attia a été associé avec justesse à ce que de nombreux observateurs qualifient d'âge d'or du cinéma tunisien qui va de 1986 à 1996 avec l'arrivée sur les écrans d'un cinéma de qualité, que je décrirai comme un cinéma d'auteur à dimension populaire porté par des noms comme Bouzid, Boughédir, Tlatli et des films devenus aujourd'hui des classiques : L'homme de cendres, Halfaouine, Les silences du palais… des titres qui disent avec éloquence les choix esthétiques et artistiques défendus avec passion par si Hmayed.

Mohammed Bakrim

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