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Le mystère africain
La colère des dieux, Idrissa OUÉDRAOGO (Burkina)
critique
rédigé par Bawéla Bassim-na
publié le 28/08/2007

Chasser le naturel, il revient au galop ! Longtemps foulées aux pieds, les forces de la nature sévissent toujours face aux hommes imbus de pouvoir censés des lumières pour leur peuple.
Idrissa OUÉDRAOGO part d'une histoire d'amour pour présenter deux catégories d'hommes : d'un côté, les tout puissants incarnés par le pouvoir central, et de l'autre, les subalternes, les gouvernés. Un affrontement qui illustre l'exercice du pouvoir, ce qui donne une connotation de film politique à cette œuvre du Burkinabé.
La caméra cible un homme. Impressionnant, cheveux mal peignés et yeux exorbitants, autoritaire et agressif, le personnage de Tanga est le prototype de ces gouvernants mal élus, qui dirigent d'une main de fer au prix des vies humaines. La colère des dieux ne semble-t-il pas tirer la sonnette quant à l'existence des lois de la nature ?
Idrissa OUÉDRAOGO, à travers ce long métrage (95 min), produit par les Films de la Plaine, retrace les drames psycho sociopolitiques des turpitudes de ceux qui, investis d'un pouvoir, laissent libre cours à leurs instincts. Le prince Tanga intronisé roi à la mort de l'empereur, enlève Awa à son fiancé. Salam, le fils adultérin et sa mère (Awa) menacés de mort, quittent le royaume pour une destination inconnue ; mais ils sont rattrapés par Tanga et ses sbires.
L'initiation à la vie de Salam, qui a réussi à se soustraire à la fougue de son père adoptif, est marquée par le flash forward de quinze années passées à chasser cet aigle au cou blanc. Salam, après avoir vengé ses parents, succombera à son tour, car lui aussi a les mains souillées par la mort d'un nomade.
La musique triste annonçant chaque fois un drame qu'utilise le réalisateur nous plonge dans le vécu quotidien des peuples non encore affranchis démocratiquement et économiquement. Les recours à des aspects mystiques, tels la forte intensité de la lumière diurne quand le roi exhibait son trophée de guerre (Awa), l'aigle au coup blanc dont les cris présagent un malheur (…), contribuent à renforcer le drame.
L'image du même oiseau qui plane au dessus du royaume à la chute du film, nous interpelle quand à l'impartialité de cette loi divine. Mais au-delà, l'on est ramené à la fameuse maxime selon laquelle, le linge sale se lave en famille si l'on ne veut pas être envahi par des forces de tout acabit.

Bawéla K. Bassim-na

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