Le titre en dit long sur le contenu du film. Il raconte la vie comme elle est dans tous les quartiers populaires des villes d'Afrique. Et comme dans toute tribu en Afrique, cette vie là, elle est solidaire. Malgré la dépression de Madame Bavusi, le licenciement de Makélé et Kapa, les liens qui se serrent et se desserrent, cette solidarité est là ; plus forte, plus intense que jamais. Voyez, ce qui arrive avec la salle de boxe transformée en un théâtre populaire pour la cause de Duka !
Lydia Ewandé, primée meilleure actrice au festival 1998 du film en Afrique du sud dans le rôle de Madame Bavusi, montre un amour inaltérable pour ses garçons. Le réalisateur retient l'attention du spectateur par le grand secret que cache mère Bavusi mais la chute du film qui fait de ce secret un secret de polichinelle est assez humoristique.
Duka combat pour l'amour. Mais quel amour ? Il n'a pas su répondre à Makélélé. Son idole à lui, ainsi que Kapa est Mohammed Ali. Un personnage qui leur permet de rêver. Zéka utilise même plusieurs images de Mohammed Ali comme images d'archives dans le combat de Duka contre Kabéya. Très original !
La défaite de Duka n'est en fait qu'un moyen choisi par le réalisateur pour resserrer les liens de cette tribu.
On remarque que le réalisateur s'inspire d'une méthode à la Sembène Ousmane dans Borom Sarett : plusieurs secondes de la caméra sillonnant les rues de la ville. On peut voir la misère et une fierté à tous égards. C'est Papa Wemba qui nous amène par sa musique à visiter la ville "by night". Il y a en tout cas toute la panoplie pour montrer la vie du peuple du "macadam africain" : des frères Bavusi à la commère du quartier en passant par le petit vendeur de cigarette et nettoyeur de chaussures, le marchand de glace et le fou. Cette vie du peuple est une vie d'espoir que le réalisateur n'a pas hésité à transcrire sur le mur tout vert de l'hôpital. D'ailleurs le décorateur a su jouer avec les couleurs chaudes qui vont bien avec l'atmosphère sahélienne.
On retrouve plusieurs artistes comme Mouneïssa Maïga dans un rôle cette fois plus discret qui est celui de la fille à l'arrêt du Bus. Habib Dembélé, ici dans le rôle de Pop, échange son rôle de griot dans Guimba avec celui d'un défenseur du droit humain. Il est très acculturé et ne comprend pas cette injustice à laquelle personne ne réagit.
Le costume a encore été confié aux bons soins de Kandjoura Coulibaly.
Le rôle du 2ème assistant réalisateur et ainsi que du marchand de glace joué par Cheick Fantamady Camara, donne encore de l'intérêt à ce film.

Sitou Ayité

Macadam tribu
De : José Laplaine
Avec : Lydia Ewandé, Hassane Kouyaté, Sidy Camara, Habib Dembélé, Balla Moussa Keïta
Costumier : Kandjoura Coulibaly
Maquilleuse : Chérif Fanta Kanny
Musique : Christian Pllini, Papa Wemba
Décors : Fallo Baba Keïta
Durée : 1h30 minutes