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De l'autre côté de la porte du non retour
Little Sénégal, de Rachid Bouchareb (France)
critique
rédigé par Fatou Kiné Sène
publié le 16/11/2007

En Amérique à la recherche de descendants de sa famille pour tracer la généalogie de ses ancêtres déportés, Alioune (Sotigui Kouyaté) découvre la dure réalité de vie de ses lointains cousins. Ignorant tout de leur passée, les caractères de fraternité, espoir et d'entraide sont bannis de leur vécu. Le film de Rachid Bouchareb, Little Sénégal qui a ouvert les Rencontres cinématographiques de Gorée, voyage au-delà de la porte du non retour.

D'habitude, il est rare de voir des fils de l'Afrique partir à la recherche de leurs ancêtres esclaves déportés aux Etats-Unis où ailleurs. Souvent c'est le contraire qui est vécu. Des gens de la diaspora qui viennent se ressourcer sur le continent pour connaître leurs origines. Ce contre pied à l'ordre naturel des choses a été pris par le réalisateur algérien Rachid Bouchareb dans son film de 98 minutes Little Sénégal
Tourné en 2001, entre Gorée, les plantations de la Caroline du Sud, Harlem et Little Sénégal, ce fief des émigrés sénégalais de New York, le film met à nu l'ignorance des Africains-Américains de leur passé, les difficultés quotidiennes de survie des émigrés africains confrontés au racisme et surtout cette absence de fraternité qu'ils nourrissent entre eux.

Alioune, incarné par le grand acteur Sotigui Kouyaté, est un guide sénégalais à la Maison des esclaves de Gorée. Et comme l'a souvent fait le conservateur de cette maison, il parle aux pèlerins noirs américains venus visiter leur ancêtres, des souffrances qu'ils ont subi avant de se retrouver aux Usa.

Devant la porte du non retour, très symbolique pour cette douloureuse période de la vie des Africains, Alioune décide d'aller de l'autre côté de cette porte du non retour, en Amérique à la recherche de descendants de sa famille afin de tracer la généalogie de ses ancêtres déportés. Une quête qui l'emmène en Caroline du Sud dans les plantations jusqu'à New York dans le quartier Little Sénégal. Là il y retrouve, des émigrés qui tentent leur chance dans un monde où "tout le monde est vert" à la couleur du dollar, de violence, rythmé par les informations des télévisions qui en font l'écho, et facilité par cette absence de fraternité, de dialogue et d'entraide entre Africains. Même si Alioune retrouve son neveu Hassan, chauffeur de taxi clandestin qui sera mortellement victime de cette violence de la rue et une lointaine cousine Ida, il sera confronté à ce monde d'Afro-américains qui ignorent tout de leur passé mais surtout s'en fichent.

Avec sa caméra, Rachid Bouchareb met en évidence ces rapports difficiles entre les afro-américains et cette tension quotidienne qui versent le film dans une certaine réalité. Une fiction proche de la réalité, car il est fréquent de voir aujourd'hui le rapatriement du corps d'un fils souvent criblé de balles au pays. Une séquence mise en vedette dans la fin de Little Sénégal

Fatou K. SENE

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