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Le film marocain s'affiche à l'universel
Les films marocains à Marrakech
critique
rédigé par Mohammed Bakrim
publié le 18/01/2008

Comment accéder à l'universalité, en termes de visibilité s'entend; question récurrente de nos cinématographies et dont notre fédération de critiques a fait une des ses finalités. Des éléments de réponses avec le cas marocain.

Le festival international du film de Marrakech et le cinéma marocain : c'est la rencontre d'une opportunité et d'une ambition…D'un côté, un grand rendez-vous de cinéma, une manifestation cinématographique désormais confirmée comme une date repère dans le calendrier de la profession du cinéma à un niveau international ; et de l'autre, une cinématographie jeune certes, mais qui depuis quelques années a le vent en poupe et suscite la curiosité, l'intérêt ici et là, s'invite un peu partout en effectuant un véritable périple autour du monde : de Jeonju en Corée du sud à Mare de La Plata en Argentine en passant par Berlin, Venise Cannes ou Carthage et Ouagadougou. Avec souvent en prime, si ce n'est une place sur le podium, une reconnaissance publique et critique…
Il faut souligner cependant qu'indéniablement le FIFM ouvre devant le film marocain une perspective nouvelle, c'est une vitrine de choix mais il pose aussi à ce cinéma une nouvelle donne, il le met devant un nouveau paradigme. Il lui offre un nouvel horizon de lecture. Les professionnels le confirmeront : on ne fait plus un film marocain aujourd'hui comme il y a dix ans ou six ans. Il y a un avant et un après Marrakech dans l'histoire du cinéma marocain. Désormais c'est une production qui se fait en pensant à son propre devenir dans lequel d'une manière ou d'une autre Marrakech et son festival sont une destinée, une station possible, souhaitable sûrement
Il fonctionne déjà comme un espace de rencontre, comme une vitrine pour le cinéma marocain. Cela va contribuer à combler une attente et à apporter des éléments de réponse à une interrogation qui a longtemps hanté les milieux du cinéma à savoir comment permettre au film marocain d'accéder à une reconnaissance internationale ; comment lui assurer le passage d'une visibilité nationale à une présence internationale ; comment réussir dans le cinéma et par le cinéma le mariage du local et de l'universel. C'est d'ailleurs le thème que la profession avait choisi de débattre en 1995 à Tanger à l'occasion de la quatrième édition du Festival national du Film. Un hasard heureux car c'était à Tanger que les prémisses de la nouvelle vague marocaine dessinaient un horizon de promesse. Confirmation et éléments de réponses apportées par le FIFM. L'un des représentants de cette nouvelle génération, en effet, Faouzi Bensaïdi allait assurer l'ouverture en 2003 de la troisième édition du festival de Marrakech avec son premier long métrage Mille mois. Un moment fort devant un parterre de vedettes internationales dans le magnifique décor du palais Badi ; une soirée féerique dont le souvenir est encore vivace. Décor qui verra une autre représentante de cette tendance décrocher lors du palmarès le prix du scénario pour Les yeux secs. Une autre première œuvre qui annonce un projet : les deux cinéastes se retrouvent en 2006 en compétition officielle. C'est dire que le film marocain s'habitue à la cour des grands, en toute légitimité, en toute confiance dans l'avenir. Dès 2001, Mona Saber de Abdelhaï Laraki ouvrait la voix à ce parcours inédit en se confrontant chez lui, au Maroc, au regard d'un jury d'envergure internationale, cette année-là, il était présidé par Charlotte Rampling. Au palmarès Chaïbia Adraoui obtenait le prix d'interprétation féminine alors que Jacques Dutronc obtenait le prix d'interprétation masculine : Adraoui /Dutronc ! Un syntagme qui résume déjà le programme de Marrakech ; son ambition pour le cinéma marocain. Un cinéma qui sera l'invité de l'édition de 2004 avec un formidable panorama 1958-2004 et un hommage à son pionnier Mohamed Osfour. D'autres films, Et Après de Mohamed Ismail, Au-delà de Gibraltar de Mourad Boussif en 2002, Tenja de Hassan Lagzouli en 2004, Le gosse de Tanger de Moumen Smihi en 2005, Bensaïdi retrouve une nouvelle fois le festival mais en compétition officielle de 2006 avec What a wonderful world au côté de Wake up de Morocco de Narjiss Nejjar.
Pour 2007, c'est le film de Latif Lahlou, Les jardins de Samira, qui a été retenu par le comité de sélection. Il arrive à Marrakech auréolé d'une prestation internationale importante avec notamment le Prix de la critique internationale à Montréal et le Prix du jury lors de la dernière édition du festival national du film à Tanger. Une sélection qui vient comme un hommage à un pionnier du cinéma marocain, une manière de saluer sa persévérance et son endurance souvent dans des conditions difficiles.
À Marrakech, les films marocains vivent l'expérience de se confronter à des films venus d'horizons divers sous le regard de sommités cinématographiques : stars, auteurs, artistes… le film marocain s'affiche à l'universel dans une configuration originale qui le met en face de nouvelles exigences de rigueur et de professionnalisme.

Par Mohammed Bakrim

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