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Le charme morbide d'un rêve de jeunesse
Teranga blues, de Moussa SÈNE Absa (Sénégal)
critique
rédigé par Charles Ayetan
publié le 30/01/2008

Un cinéma original qui oscille entre le film d'action et la comédie musicale, telle est la caractéristique du film Teranga Blues du Sénégalais Moussa Sène Absa, qui déroule la trame de l'histoire d'un jeune musicien, Madické, alias Dick, qui se retrouve dans son pays natal après son expulsion de l'aéroport de Paris, menottes aux poignets.

Cependant contre toute attente, Dick découvre chez lui, dans son propre pays, le rêve merveilleux de l'ailleurs tant désiré. Ce choix a tout son sens quand on sait qu'en wolof, "teranga" signifie "hospitalité". Alors, voiture, femme et billets de banque foisonnent au prix de sa vie greffée sur le trafic illégal d'armes à feu. Une vie de charme certes, mais d'un charme morbide qui débouche sur l'allégorie des scènes dernières du film. Pour le réalisateur, "l'avant dernière scène qui montre la forêt de baobab et les femmes drapées de rouge qui chantent l'esprit, représentent l'onction finale, l'onction rouge qui signifie la mort."

Un travail énorme a conduit à cette ode cinématographique tournée en format super 16 à travers laquelle le spectateur découvre ou revit les richesses d'une Afrique aux riches cultures, aux riches traditions. Le décor est exotique et sans doute coûteux pour le tournage, sans oublier le remarquable travail du costumier.

La beauté de Teranga Blues, c'est cette poésie omniprésente tout le long du film à travers les chants, rythmes et danses du terroir. D'aucuns ont relevé que l'incohérence est le prix à payer par cette œuvre filmique. Mais on peut se demander si ce n'est pas la résultante de la complexité de ce style peu commun d'accoucher d'un scénario au cœur duquel trône la poésie, telle un personnage. En effet, cette poésie est voulue par Moussa Sène Absa comme "un personnage" porteur de messages divers pour le spectateur. Ce style de poèmes et de chants que le réalisateur baptise "ode musicale" est présent dans ses films : entre autres, Yalla Yaana (45 min), Tableau Ferraille (87 min), Madame Brouette (104 min).

Quant au casting, il faut souligner notamment le choix du personnage principal, Dick, au sujet duquel le réalisateur confie : "Tous les jeunes adorent ce jeune homme, Alajiman, du groupe musical sénégalais "Daara J", marié et père de famille, qui ne fume ni ne se drogue, une référence pour sa génération". Ce choix préfigure l'accueil du public sénégalais qui attend la sortie nationale à Dakar de Teranga Blues à l'aube de cette année 2008.

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