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Le sourire du serpent, de Mama Kéita (France/Guinée)
critique
rédigé par Bawéla Bassim-na
publié le 05/02/2008

Le long métrage du Guinéen Mama Kéita (2006) est décapant et innovant.

Fruit d'une belle architecture filmique, et né d'une polémique d'enfance entre le réalisateur et son ami, Le sourire du serpent est un psychodrame dont l'essence est empruntée du théâtre : mêmes lieux, mêmes acteurs, une unité de temps,…
Marion, jeune occidentale et Adam, originaire de l'Afrique, sont deux marginaux qui gagnent leur vie dans l'ombre, et que la loi n'hésiterait point à réprimer sévèrement une fois découverts.

La caméra glisse sur le corps de Marion, et les gros plans révèlent son identité sociale. Cigarette entre les doigts, usage de la drogue et de l'alcool, tenue mondaine, sacoche solidement agrippée à une épaule (…) autant de détails qui révèlent que Marion exerce le plus vieux métier du monde. Face à elle, un autre noctambule et unique compagnon de misère : Adam, un jeune Africain en situation irrégulière, pressé de quitter les lieux. Mais le dernier bus en direction de la ville tarde à venir et fait durer le suspens entretenu par la peur de la nuit.

Marion et Adam, ne rappellent-ils pas les premiers hommes, Ève et Adam ? Enfermés dans ce labyrinthe par le réalisateur et contraints à la cohabitation, les deux marginaux s'affrontent, se confrontent et finissent par trouver un terrain d'entente.

Mais avant, ils devront vivre chaque instant la peur au ventre ; une peur suscitée par les sirènes de la police, et la mort qui était à leur trousse. Le sourire du serpent, qui met en scène deux êtres en rixe face à leur société, déroule au grand jour les problèmes majeurs de nos sociétés en ce 21ème siècle, notamment la prostitution de plus en plus galopante dans toutes nos cités, et le racisme qui ne cesse de faire des milliers de victimes chaque jour que Dieu fait aux frontières occidentales et américaines.

Le chat noir qui surgit du noir, le sang, le cheval invisible, la célérité de leurs actions, les images de nuit (…) autant d'éléments mythiques qui scotchent le spectateur durant les 90 minutes que dure le film, et le laisse finalement sur sa soif à la chute. Adam, est-il le meurtrier de la conductrice du dernier bus ?....

Bawéla Bassim-na (Togo)

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