AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 940 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
"L'instrument de jeu d'un comédien, c'est son corps"
entretien avec Tella Kpomahou, actrice principale de Il va pleuvoir sur Conakry
critique
rédigé par Espéra Donouvossi
publié le 05/02/2008
Espéra Donouvossi
Espéra Donouvossi
Tella Kpomahou
Tella Kpomahou
Tella Kpomahou, sur la croisette - Festival de Cannes 2008 © Belinda Van de Graaf
Tella Kpomahou, sur la croisette - Festival de Cannes 2008 © Belinda Van de Graaf
Cheick Fantamady Camara
Cheick Fantamady Camara
Eliane de Latour
Eliane de Latour
Fatoumata Diawara
Fatoumata Diawara
Tella Kpomahou
Tella Kpomahou
Tella Kpomahou (à Cannes 2008) © Belinda Van de Graaf
Tella Kpomahou (à Cannes 2008) © Belinda Van de Graaf

Le Fespaco 2007 a eu le mérite de lever le voile sur deux films africains qui sortent de l'ordinaire en osant montrer des scènes de nudité à l'écran. Ceci est une première dans l'histoire du cinéma africain et a suscité des débats de part et d'autres dans une Afrique ou la pudeur est conservée avec la dernière rigueur. Parmi ces films découverts au plus grand rendez-vous du cinéma en Afrique à Ouagadougou, Il va pleuvoir sur Conakry consacré prix Rfi du public au cours du festival. Présente au festival international du film de Ouidah où ce film a été projeté, l'équipe de rédaction de Africiné a eu l'occasion de rencontrer son actrice principale qui a accepté de nous accorder une interview.
Tella Kpomahou, d'origine béninoise revient au pays après 21 ans d'exil artistique en Côte d'Ivoire, en France en passant par la Guinée Conakry où elle a su porter le succès du tout premier long métrage du fougueux réalisateur guinéen Cheik Fantamady Camara, un espoir incontestable du cinéma africain.

Pourquoi avez-vous accepté ce rôle dans ce film qui expose la nudité au premier plan ?

D'abord, on ne me montre pas toute nue et ce n'est pas une nudité pour le plaisir des yeux. Le film commence avec deux jeunes gens amoureux qu'on retrouve dans leur intimité. C'est le choix du réalisateur Cheick Fantamady Camara qui a préféré commencer son film par cette scène d'exposition. On en a parlé et je partage ce choix. Cela ne m'a pas posé problèmes vu que cette scène s'est justifiée par rapport aux relations qui existent entre ces deux jeunes gens.

Qu'est ce qui vous a poussée concrètement à accepter ce rôle ?

Le film de Cheick est une vitrine de l'Afrique d'aujourd'hui. C'est un condensé de tout ce qu'on rencontre aujourd'hui. C'est un message d'amour, de vérité et de tolérance. On retrouve des passions qui sont liées à la religion, au pouvoir, aux crises et conflits de génération. C'est un film choral où tout le monde peut se retrouver, que ce soit la jeunesse, la vieille génération et la femme. Ce qui m'a poussé à accepter ce rôle, c'est le message fort qu'il contient, un message auquel j'adhère totalement. Tout le monde a apporté sa partition : le décorateur a bien fait la décoration ; la musique a été bien jouée. Le cameraman a bien filmé, le metteur en scène a fait correctement son travail ; le monteur a fait aussi le sien ; ils ont chacun travaillé avec leurs instruments. Quel peut être alors l'instrument de jeu des comédiens si ce n'est pas le corps ? J'ai joué alors avec mon instrument de comédienne le rôle qui me revient. C'est aberrant de dire que c'est un film pornographique et s'en arrêter là. Je suis une comédienne moi et je dois assurer et assumer mon rôle dans toute œuvre d'esprit comme au théâtre comme au cinéma.

Quel genre de comédienne êtes-vous ?

Je suis une comédienne qui peut tout faire. J'ai commencé par le théâtre dans lequel je travaille jusqu'à présent au quotidien. Je suis une comédienne autant populaire que classique. J'ai joué dans une pièce classique La dispute passée plusieurs fois en France. J'ai aussi joué dans des pièces contemporaines comme Nuit noire, nuit blanche qui est une pièce qui parle de la pénurie d'eau, des problèmes liés au délestage. Pour avoir travaillé avec Anne Marie Maître, une Française, je peux alors dire tranquillement que je suis populaire que classique. Dans La tragédie du Roi Christophe, j'ai joué une paysanne et une femme de la cour royale.

Quelles sont vos impressions après le tournage de Il va pleuvoir sur Conakry ?

Je suis très contente de voir évidemment ce bébé né.Je suis encore plus contente de savoir que le public a aimé ce film.Que le public aime ce qu'il voit et ait compris ce qu'il y voit. Donc mon bonheur se trouve à ce niveau et j'ai eu beaucoup de plaisir à jouer ce rôle. Ce film qui est projeté dans plusieurs pays du monde entier : Burkina-Faso, France, Allemagne, Italie, Canada, Bénin pour ne citer que ceux-la, a été apprécié partout où c'est projeté et c'est là mon bonheur immense et le bonheur de tous ceux qui ont travaillé sur ce film.
Particulièrement moi, c'est la première fois que je tourne avec un réalisateur africain dans un film qui me plait, je joue un rôle principal féminin. Ce qui m'a beaucoup émerveillé, c'est le fait que je sois projetée dans deux films au Fespaco 2007 ; dans Les oiseaux du ciel de Eliane de Latour dans le rôle de Pélagie et dans Il va pleuvoir sur Conakry de Cheik Fantamady Camara dans le rôle de Kesso.

Espéra DONOUVOSSI

Films liés
Artistes liés
événements liés