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Rotterdam 2008 : l'heure du bilan
critique
rédigé par Télesphore Mba Bizo
publié le 06/02/2008

Les rideaux se sont refermés sur le 37è International Film Festival Rotterdam le 3 février 2008 aux Pays-Bas. Que de chiffres ! En 12 jours, 350 cinéastes, 2799 invités et 458 journalistes du monde entier se sont régalés de la projection des 250 longs et 450 courts-métrages sélectionnés. Heureusement ou malheureusement, seule une poignée de fictions a mérité le podium selon la logique du "nombreux sont appelés, mais peu seront élus".

De l'or pour Wonderful Town. C'est l'as des as des films primés. Ainsi en a décidé le jury de la VPRO Tiger Awards Competition. L'inédit dans cette production du Thaïlandais Aditya Assarat loge dans la perfection des images. Elles donnent une nouvelle envergure et lecture à la catastrophe naturelle que fut le Tsunami. D'après les membres dudit jury, le film en question révèle les "dégâts collatéraux" des caprices d'un environnement souvent affolé. Cependant, il est possible d'émettre des réserves sur la chute du film. Le héros trouve la mort dans un fleuve suite à une agression physique. Nombre d'observateurs y ont perçu des senteurs commerciales.
Flower in the Pocket du Malaisien Liew Seng Tat est la dauphine des distinctions. C'est son thème sur l'enfance qui a accroché le jury. Il s'est d'ailleurs félicité de la savante répartition des rôles ; elle-même était couplée au mérite du jeu de scène des jeunes acteurs. La 3è marche du podium a mis en vedette Go With Peace Jamil du Danois Omar Shargawi. Ce produit, proche des formules hollywoodiennes, bouscule les conventions. Il s'assigne la mission de détruire le grossissant miroir qui reflète le Musulman comme un fanatique poseur de bombes épris des bains de sang. Et l'hémoglobine y fait vraiment tache d'huile. Le réalisateur s'en sert à des fins mélioratives : la construction de la paix au biais de l'imposition de la violence. C'est de l'habile raisonnement par l'absurde. Les gros plans sur les coups de poing et de pied assument une fonction dissuasive. L'exposition de l'aigreur des conséquences du mal, notamment les visages défigurés ou mutilés plongés dans des mares du liquide rouge vif, persuade le récepteur du film à plutôt pratiquer le bien. L'intention de Omar Shargawi est de faire bon usage de la puissance des effets des médias sur l'individu et même le groupe. Ces trois films ont remporté chacun la cagnotte de 15 000 Euros. En plus, ils seront diffusés dans l'ensemble des Pays-Bas.

Voix très audible de la critique cinématographique
Elle a reçu l'insigne honneur de décerner 2 distinctions. D'abord le prix FIPRESCI, Fédération internationale de la critique cinématographique. Il est revenu au Chilien José Luis Torres Leiva. C'est l'auteur de EL CIELO, LA TIERRA, Y LA LLUVIA (Le ciel, la terre et la pluie). Il a séduit par le statut qu'il accorde à l'humain: un ordinaire élément infiniment chétif dans l'immense cosmos. Pluie, froid et végétation l'agressent au quotidien. Et pourtant, l'Homme tend à ignorer sa condition. Voilà planté le décor de la profondeur philosophique de cette production. Le jury en question s'est montré très favorable à l'éclosion des films d'analyse et de pensée pour un cinéma réfléchi.
Le KND Awards a constitué le 2è temps fort de la critique cinématographique à Rotterdam. La palme de l'Association néerlandaise en la matière a été décernée à Cargo 200 (GRUZ 200). Le film d'Alexei Balabanov est particulier en ceci qu'il est l'unique "award-winner" qui n'était pas en compétition dans les Tigers Awards. Ici, le principe consiste à primer les films qui ne disposent pas de distributeur aux Pays-Bas. En bonification, les productions promues sont doublées par la HOLLAND SUBTITLING. Par ailleurs, un distributeur lui est trouvé dans des délais diligents.

Télesphore MBA BIZO

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