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La liberté : entre pouvoir politique et pouvoir des ancêtres
Finyé (Le vent), de Souleymane Cissé, 1982
critique
rédigé par Charles Ayetan
publié le 07/03/2008

"Le vent réveille la pensée de l'homme." C'est par ces mots qui défilent à l'écran, à la musique du vent, que débute le film Finyé, un succès filmique réalisé en 1982 par le cinéaste malien, Souleymane Cissé, né en avril 1940 à Bamako.
Une révolte estudiantine éclate dont l'objectif est de dire non à l'ordre pervers établi. Au cours de la manifestation, plusieurs étudiants parmi lesquels Bah et Batrou, la fille du gouverneur Sangaré, sont arrêtés et jeté en prison. La souffrance physique et l'humiliation vécues en prison les détourneront-ils de leurs ambitions ? C'est à cette aventure qu'est interpellé le spectateur de Finyé (Le vent), une fiction de 100 minutes, au cœur duquel est planté telle une épée, une épreuve douloureuse qui, loin d'affaiblir ses victimes, les rapproche davantage et leur donne la force de résister.
Diverses thématiques y sont embrassées : du pouvoir à la violence en passant par les injustices sociales au grand dam des ambitions ou rêves de jeunesse.

Pouvoir, violence et délinquance

La fraude ou falsification des résultats scolaires et estudiantins est principalement abordé à travers ce film. "Je suis admise", déclare une bachelière. "On s'y attendait. J'ai tout fait pour ça", certifie son papa. Eh oui ! Ce sont ces échecs qui conduisent parfois les jeunes scolaires, éternels "recalés" à loisir aux examens malgré leurs efforts, à désirer le "bel état" de la drogue dans les "cases secrètes". Doit-on blâmer ces victimes de l'injustice sociale, sans chercher les origines véritables du mal qui les rongent ? Ô la corruption, mère de la révolution…

Frasques de jeunesse

Après une dizaine de films (courts et longs métrages) à l'actif de Souleymane Cissé, son troisième long métrage Finyé lui offre l'opportunité de lutter contre les disparités et les injustices sociales en lien avec le temps et l'espace.
Le grand père du "vaurien" a beau craché : "pas d'enfant de chef chez moi" ; le gouverneur a beau choisir la prison à ce même "vaurien" dont s'est éprise sa fille, rien ni fait. Le jeune couple n'en sort que renforcé à travers les épreuves de leur idylle. Le scénario a le mérite d'avoir prévu cette belle séquence au bord du fleuve, dominée par la couleur blanche et la candeur de l'amour qui sous-tend les frasques des jeunes gens. C'est entre autres, ici, que le style épique du film vient tenter de transcender le tragique qui plane sur la tête des personnages principaux. Et que dire, des silences qui entrecoupent le dialogue du vieil homme avec l'au-delà ?
L'année 1983, est l'année de gloire de Finyé (Le vent). En effet par ce film, le réalisateur malien, Souleymane Cissé, a remporté le Grand prix (Etalon de Yennenga) du FESPACO et le Tanit d'or au Festival de Carthage (Tunisie) sans oublier la sélection au Festival de Cannes (France), et, 10 plus tard, au Festival d'Amiens (France).
Le troisième millénaire que traverse le monde aujourd'hui n'a rien pu enlever à la beauté de ce chez d'œuvre.

Charles Ayetan
Togo

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