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La vengeance
Daratt "Saison sèche", de Mahamat Saleh HAROUN (Tchad)
critique
rédigé par Bang'na Akondoh
publié le 27/03/2008

Rien en ce monde ne peut arrêter le désir de venger son père, quelle que soit la cause pour laquelle il a été assassiné. Voici le fil rouge que Daratt "Saison sèche", un long métrage qui vient une fois de plus de remporter le Grand prix du Python Royal du dernier festival international du film de Ouidah au Bénin : Quintessence 2008. Mahamat Saleh Haroun de nationalité Tchadienne, réalisateur de ce film, assomme toujours les publics en leur faisant vivre le virus psychologique de la vengeance dans le personnage d'Atim, resté serein et ferme jusqu'au bout, sec comme la saison sèche dans le sahel : terminé une fois pour de bon l'assassin de son père. Le Tchad, un pays qui a connu les guerres fratricides et intercommunautaires depuis la nuit des temps, ne s'est jamais relevé de cette violence annoncée déjà au début du film. Juste après cette annonce radiophonique, la réaction simultanée de la population a été violemment réprimée par la police. Atim au milieu des tapettes éparpillées suscite en lui mille et une questions. À quand cette justice ? Un silence, un vide décisif que le réalisateur ne relève pas d'une idée gratuite.

La naissance de la vengeance d'Atim

Le grand père croyait à la justice tchadienne mais comme l'Etat a amnestié les tueurs, il n'y a plus d'issue favorable pour régler la mort de son fils. La seule chose qui lui reste à faire, c'est de remettre à Atin l'arme de vengeance qui appartenait à son fils, le père d'Atim. Minutieusement gardé, le sort de l'assassin de son fils est dans les mains de son petit fils.

Le Réalisateur a voulu, à travers l'allure, le visage et l'accoutrement d'Atim montrer comment ce jeune est animé d'une volonté de finir avec Nassara : se faire justice.

Qui tue périra t-il par épée ?
Nassara, fervent musulman, peut-il se rattraper à travers ses prières et ses largesses "aumônières" envers les 'talibés'. Mais non, il est condamné à traverser les chocs : il est haï dans le quartier, une nouvelle boulangerie s'installe, sa femme accouche d'un mort né… des problèmes qui le poussent à conclure en ses termes "Dieu m'a oublié", alors qu'on dit généralement en Afrique que "Dieu n'oublie personne". A-t-il pu se débarrasser de son passé sombre mélangé de son comportement acerbe envers tout le monde? Il porte toujours les signes de la violence en lui.

Une stratégie pour mieux atteindre sa cible.
Pour atteigne son objectif, Mahamat Saleh Haroun a créé une situation originale. Il a fallu que son personnage Atim allât vivre sous le toit de l'assassin de son père : être embauché dans sa boulangerie, vivre avec lui, connaître ses hauts et ses bas, même si grande est notre vengeance, en se passant du complexe. Dès ce moment, Atim avait décidé de finir avec lui, mais un autre moi lui dit non ? Est ce un signe de concession ? Atim arrivera-t-il à en finir une fois pour de bon avec Nassara ?

Le mariage forcé et les violences conjugales
Nassara a pratiquement épousé une fille qui a le quart (¼) de son âge. Ceci contre la volonté de la femme. Très laborieuse et soucieuse de l'Etat de santé de son mari, elle doit tenir à la promesse de ses parents en restant bon gré ou mal gré avec son mari.
L'arrivée d'Atim dans la maison de Nassara, a apporté une ambiance autre. Mais jaloux de voir Atim s'amuser avec sa femme, celle-ci subit une nuit des coups terribles, même enceinte. Cette violence, je crois bien, serait à l'origine des complications lors de l'accouchement de madame Nassara. Cela retrace peut-être, la violence que l'on rencontre dans certains foyers musulmans et qui est toujours d'actualité dans les pays islamisés. Un appel pressent que lance le réalisateur pour une nouvelle donne dans ces foyers où règne la violence conjugale.
Daratt "Saison sèche" a déjà remporté l'Etalon de bronze de Yennenga, le Prix de la meilleure image et le Prix union européenne au FESPACO 2007 (Festival International du Film et de Télévision de Ouagadougou).

Bang'na Akondoh (AJCC-Togo)
Journaliste et Critique de Cinéma

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