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Plaidoyer pour la tolérance
Retour à Gorée, de Pierre Yves Borgeaud
critique
rédigé par Lotfi Ben Khelifa
publié le 02/05/2008
Affiche réalisée par Bruce Clarck (Afrique du Sud)
Affiche réalisée par Bruce Clarck (Afrique du Sud)
Youssou NDOUR
Youssou NDOUR
Pierre-Yves BORGEAUD, réalisateur
Pierre-Yves BORGEAUD, réalisateur
Moncef GENOUD, pianiste, et Youssou NDOUR
Moncef GENOUD, pianiste, et Youssou NDOUR
Idris Muhammad, Batteur, Usa
Idris Muhammad, Batteur, Usa
Amiri BARAKA (Leroi JONES), poète, Usa
Amiri BARAKA (Leroi JONES), poète, Usa
Boubacar Joseph NDIAYE
Boubacar Joseph NDIAYE
Joseph Ndiaye - Il Fut Un Jour À Gorée... - L'esclavage Raconté Aux Enfants (Editions Michel Lafon, 124 p, 2006)
Joseph Ndiaye - Il Fut Un Jour À Gorée... - L'esclavage Raconté Aux Enfants (Editions Michel Lafon, 124 p, 2006)

Il n'est pas seulement un film musical, avec le Jazz, en toile de fond. C'est un documentaire exceptionnel et une rencontre en joies, en douleurs, en sensations fortes, en émotions et en pleurs. Le réalisateur suisse Pierre Yves Borgeaud effectue avec Retour à Gorée un long et merveilleux voyage-retour à l'île de Gorée, au Sénégal, symbole de la traite négrière, en compagnie d'artistes devenus mythiques ; tel Youssou N'Dour, dans une ambiance fraternelle et amicale.

Il y avait un défi historique à relever ; celui de ramener le Jazz sur sa terre d'origine. Un retour et un geste symboliques et concrets, à la fois. Des gens, de plusieurs nationalités, de différentes religions et langues, ont dialogué, dépassant toutes les frontières et bannissant tous les discours pré-établis. Ce film est une réconciliation avec le Jazz, sur sa terre originelle, là où il fut inventé par les noirs d'Afrique, victimes de l'esclavage. En parcourant les USA et l'Europe, la transcendance des cultures se conjugue au présent. Le Jazz et le Gospel se rencontrent. Sur le chemin d'un retour, tant rêvé, le voyage s'avère fantastique. Une immersion immédiate et continuelle dans le monde de la musique, sous toutes ses couleurs, avec Youssou Ndour, qui représente si bien l'Afrique "moderne et positive". Que de chemin parcouru ! Cela rappelle celui des esclaves qui traversaient des contrées et des mers, pour arriver à un point de non-retour, à une condamnation annoncée et préméditée ! Une douleur persistant à jamais et une mort lente et inévitable.

Le film tend à répondre à plusieurs questions, dont les réponses semblaient satisfaire leurs auteurs. Doit-on prendre pour vérité générale, l'affirmation du Conservateur de la Maison des Esclaves, à l'île de Gorée et relative aux raisons du long retard de l'Afrique sur la voie du développement "parce qu'ils avaient pris les plus jeunes, les plus robustes, il y a 300 ans" ? Ce documentaire dépasse ce simple constat, pour aller vers une réelle, possible et indispensable réconciliation entre les noirs et les blancs. Un message de tolérance, de dialogue et d'amitié entre tous les gens de la terre. La rencontre de différents styles de musique, dans ce film, détermine le sens même du Jazz et des autres musiques, qui s'y sont rajoutées. Le Negro-spiritual, le Blues, le Jazz, partis de Gorée, avant de subir les influences des pays et territoires visités, le prouvent. Retour à Gorée nous ramène-t-il, en fait, à la création musicale d'aujourd'hui, qui épouse facilement et avec célérité, plusieurs genres ; pour parvenir à la World Music ? Ce voyage filmé, est un document précieux, une invite au dialogue et à la rencontre entre des musiciens de tous bords qui plaident pour l'amitié et la paix entre les peuples du Nord et du Sud.

Lotfi BEN KHELIFA

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