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La théâtralité dramatique dans Jawhara de Saâd Chraïbi
critique
rédigé par Noureddine Mhakkak
publié le 07/06/2008
Saâd Chraïbi, cinéaste
Saâd Chraïbi, cinéaste
Jawhara, 2004
Jawhara, 2004
Jawhara, 2004
Jawhara, 2004
Jawhara, 2004
Jawhara, 2004
Mouna FETTOU
Mouna FETTOU
Ahmed BOULANE
Ahmed BOULANE
Touria JABRANE
Touria JABRANE
Amina RACHID
Amina RACHID
Chronique d'une vie normale, de Saad CHRAÏBI, 1990
Chronique d'une vie normale, de Saad CHRAÏBI, 1990
Soif, de Saad CHRAÏBI, 2000
Soif, de Saad CHRAÏBI, 2000
Femmes... et femmes, de Saad CHRAÏBI, 1998
Femmes... et femmes, de Saad CHRAÏBI, 1998
Islamour, de Saad CHRAÏBI, 2008
Islamour, de Saad CHRAÏBI, 2008

Le théâtre, selon le critique d'art Youssef Ishaghpour dans son livre D'une image à l'autre est un événement symbolique ; la tragédie, la religion de l'individualité dont la présence constitue la négation en acte de la temporalité. Et pour cela, le théâtre touche tous les domaines de la vie sociale des gens, grâce à son miroir symbolique qui reflète les effets de la personne comme les effets de la société à réaliser son existence artistique dans le parcours mobile. Et à cause de sa curiosité, et à cause de sa manière de voir quelques problèmes sensibles de la société, le théâtre est devenu, depuis presque le temps de la renaissance européenne, un miroir qui aide les gens à voir leurs situations, et c'est pour cette raison que les artistes, surtout les jeunes, trouvent en lui un remède pour leurs problèmes. C'est cela presque le grand thème du film du cinéaste marocain Saâd Chraïbi. Le film qui prend un titre frappant : Jawhara, ce qui signifie en langue arabe "La perle". Qui est cette fille ? Quels sont les problèmes qui l'entourent ? Cela on le trouve à partir de son récit qui était raconté par une voie sage, pleine de chagrin et de nostalgie.


La voie de la grande actrice marocaine Touria Jabrane

La structure du film s'ouvre sur une image où on trouve de jeunes artistes amateurs de théâtre s'entraînant pour jouer leur pièce qui traite des effets sociaux avec une audace qui fait peur au directeur de la maison de la jeunesse où ils veulent la présenter. Celui-ci essaye de les obliger, soit de changer cette pièce avec une autre, soit de quitter les lieux. Le jeu théâtral est très juste. Mouna Fettou et Latifa Ahrar donnent toute la mesure de leur talent lorsqu'elles jouent leurs rôles théâtraux dans un film cinématographique. Car elles ont constaté les différences qui existent entre les deux arts dramatiques. Elles livrent un jeu multiple : un jeu théâtral et en même temps un jeu cinématographique, ou plutôt un jeu théâtral vu par l'œil du cinéma. Ce cinéma qui occupe une place privilégiée dans la société actuelle. Ce film qu'on peut considérer comme un film d'opinion qui traite de faits que la société marocaine a vécu dans son passé.
Prenons par exemple trois plans dans ce film. Le premier est celui où Safia, l'héroïne du film, merveilleusement interprété par Mouna Fettou, est en train de subir un viol, acte inhumain. Ce plan là est présenté d'une manière indirecte. On voit une porte devant laquelle se trouve une gardienne qui, avec une grande curiosité, essaye de voir la scène de viol se déroulant dedans. Le deuxième plan est celui où on trouve Safia en train d'enfanter sa petite avec l'aide des prisonnières et même de la gardienne qui a été touchée par les douleurs et les souffrances de cette femme, au moins à cette instant là Le troisième plan est celui où on trouve ces deux personnages, la femme et sa fille, dans un état de désespoir presque total, lorsque la femme a décidé de défendre ses droits par une grève de la faim, en conseillant sa fille d'avertir les gardiens au moment où elle la trouve incapable de bouger ou de parler.
Ainsi les éléments de l'univers du film sont liés les uns aux autres par les lois propres de cet univers lui-même. Cet univers est bien cohérent, car il est basé sur un récit qui a un début et une fin, suivant souvent un parcours narratif linéaire qui commence par l'amour puis la souffrance et qui finit par l'amour aussi. Le premier amour est celui qui a lié Said avec Safia (Le bonheur + La pureté), la souffrance est celle qu'ils ont subi tous les deux en prison. Le deuxième amour est celui qui se manifeste entre la petite fille, Jawhara, et son présumé père Said. Et puisque le film, comme l'a mentionné Annie Goldmann dans son livre Cinéma et société moderne, est non seulement un langage, mais un univers concret de personnages, de choses, de situations agencées par le réalisateur en fonction d'une certaine signification, ces éléments sont reliés outre par des relations formelles mais aussi sur le plan du contenu, et surtout ces relations sont significatives.

Le film Jawhara de Saâd Chraibi a réussi de traiter de grands thèmes universels, tels l'amour, l'amitié et même la souffrance, dans des situations très dures. Les personnages de ce film ont été fort bien interprétés par les acteurs qui confortent le casting du réalisateur. On peut citer Yassine Ahjam, Mohamed Bestaoui, Ahmed Boulane, Latifa Ahrar et la grande actrice Amina Rachid, sans oublier les superbes rôles de Salaheddine Benmoussa et Mostafa Salamat.
Le film n'imite pas la réalité, il ne la représente pas, mais il la reproduit, comme l'a déjà signalé Youssef Ishaghpour ; ce film là aussi a essayé de projeter l'intérieur des personnages vers l'extérieur des spectateurs. Tel est le jeu de la séduction par le film. Le film qui veut faire plonger les regards des spectateurs dans l'infini des miroirs des souvenirs d'une femme nommée: Jawhara.

Noureddine Mhakkak

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