AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 926 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
VHS Kahloucha, de Néjib Belkhadi
À la poursuite du cinéma
critique
rédigé par Michel Amarger
publié le 18/07/2008
Néjib BELKHADI
Néjib BELKHADI
Moncef Kahloucha dans son propre film Le Tarzan des Arabes
Moncef Kahloucha dans son propre film Le Tarzan des Arabes
Moncef Kahloucha est Le Tarzan des Arabes
Moncef Kahloucha est Le Tarzan des Arabes
Moncef Kahloucha dans Le Tarzan des Arabes
Moncef Kahloucha dans Le Tarzan des Arabes
Scène du film documentaire
Scène du film documentaire
Scène du film documentaire
Scène du film documentaire
Scène du film documentaire
Scène du film documentaire
Scène du film
Scène du film
Tsawer, de Néjib Belkadhi et Souad Ben Slimane, 2005
Tsawer, de Néjib Belkadhi et Souad Ben Slimane, 2005
Michel AMARGER
Michel AMARGER

LM Fiction de Nejib Belkhadi, Tunisie, 2006
Sortie France : 16 juillet 2008

En Tunisie, le 7 ème art s'affirme comme une affaire d'auteurs. Les films récents de Fadhel Jaïbi, Démences (Junun), Kaltoum Bornaz, L'autre moitié, Khaled W. Barsaoui, Par-delà les rivières, Jilani Saadi, Tendresse du loup, explorent avec gravité les tensions intérieures des personnages. Nouri Bouzid ajoute une dimension religieuse avec Making of, Moncef Dhouib laisse percer la dérision dans La télé arrive. La même année, en 2006, Nejib Belkhadi se démarque en montrant comment un amateur de cinéma populaire peut extérioriser ses tensions. Il signe ainsi son premier long-métrage, VHS Kahloucha.

Au départ, on dirait un documentaire sur les péripéties d'un réalisateur de série B. Avec sa caméra portée, ses images faites à tout prix, ses recadrages pendant la séquence, Nejib Belkhadi semble suivre à grand peine les mouvements de Moncef Kahloucha. Celui-ci met en scène les poursuites de sa nouvelle fiction pour combler ses compatriotes. VHS Kahloucha semble alors le portrait d'un réalisateur amateur exubérant, peintre en bâtiment de métier, qui injecte ses revenus dans ses productions telles Tarzan des Arabes. Dévoré par la passion du cinéma, admirateur d'histoires de genre des années 70, Moncef Kahloucha s'impose entre deux chantiers comme réalisateur, acteur, producteur et distributeur de ses films.

VHS Kahloucha propose de suivre des scènes de ses tournages épiques, aux modestes moyens, dans le quartier populaire de Kazmet, à Sousse. Mais le film de Nejib Belhadi n'est pas un simple reportage sur un cinéaste en action. Il se révèle un documentaire construit, mis en scène, où les plans se répondent. Un regard amusé et attendri sur la passion obstinée d'un fan de cinéma qui cherche à créer comme un électron libre. C'est aussi la découverte de la vie d'un quartier de Sousse, à l'écart du passage des touristes, inconscients de ce qui est hors de leur itinéraire.

Les habitants sollicités par Moncef Kahloucha pour participer à ses fictions, semblent alors investis d'une nouvelle stature. Comme si en jouant dans ses films, ces acteurs de fortune pouvaient briller et partager une nouvelle richesse de vie. Car le réalisateur cinéphile leur projette chaque fois le film fini, dans un café, avant de le commercialiser en VHS. En célébrant ainsi l'image d'un profane qui cherche à échapper à la misère d'un quartier et qui entraîne son entourage dans ses visions, en épaulant un rêveur obstiné qui concrétise ses rêves, VHS Kahloucha défend une certaine forme de résistance aux difficultés du quotidien.

Nejib Belkhadi a pu reconnaître sa passion du cinéma dans celle de Moncef Kahloucha. Comme lui, il a pratiqué le cinéma en tant qu'auteur et acteur. Mais c'est après avoir étudié à l'IHEC de Carthage qu'il apparaît comme interprète dans Habiba M'sika de Selma Baccar, 1995, Khottab Al Bab de Slah Essid. Puis il co-fonde Propaganda Production, en 2002, et se lance dans la réalisation pour Dima Labess, faux reality-show pour la télévision tunisienne, et signe un court-métrage, T'sawer, 2005.

VHS Kahloucha manifeste son désir de cinéma à travers celui plus démesuré et touchant, de son sujet sans jamais en négliger l'humanité. Ce long-métrage, tourné en numérique, caméra au poing, produit par sa société, se distingue déjà comme un signe d'indépendance par rapport aux drames du cinéma tunisien. Il souffle une bouffée d'air frais dans la production locale en proposant un cinéma à la croisée des genres, réjouissant et vigoureux. Une tentative pour réconcilier l'exigence des cinéphiles et le cinéma populaire, accessible à tous.

Vu par Michel AMARGER
(Afrimages / RFI / Médias France)

Films liés
Artistes liés
Structures liées