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Tango ya ba WENDO
La mémoire de la Rumba Congolaise
critique
rédigé par Simon Mbaki Mazakala
publié le 06/08/2008
"Papa Wendo"
"Papa Wendo"
Tango ya ba Wendo, 1993
Tango ya ba Wendo, 1993
On the Rumba River, 2006
On the Rumba River, 2006

Documentaire ; 52 min/ 16 mm-1993
Wallonie Image Production
Réalisation : Roger KWAMI Mambu Zinga (né en 1943, décédé en 2004) et Mirko POPOVITCH

En date du 28 Juillet 2008, le monde entier a appris la mort de WENDO Kolosoy Antoine, artiste musicien de renom de la RD Congo communément appelé "PAPA WENDO". Il était considéré comme le père de la musique congolaise typique qui est la Rumba.

Éteint à l'âge de 83 ans à la Clinique Ngaliema de Kinshasa, Wendo était né en mai 1925 à Mushie, une localité de la province de Bandundu. Il a été enterré le Dimanche 03 Août au cimetière de la GOMBE où reposent les sommités de la République ainsi que des musiciens célèbres tels que Luambo Makiadi FRANCO, Grand Kallé, Docteur NICO, ABETI Masikini, Pépé Kallé etc,… Il aura été une personnalité vers qui des cinéastes se sont tournés. Il y a Jacques SARASIN en 2006, avec le documentaire musical On the rumba river et surtout KWAMI Mambu Zinga Roger en 1993 en coréalisation avec Mirko POPOVITCH avec le documentaire portrait Tango ya ba Wendo.

Le titre du film

En 1993, la RDC dénommée alors Zaïre était un pays qui, sur le plan politique, s'est imposée la Démocratie. Alors que la Conférence Nationale Souveraine (CNS) battait de l'aile, car la dictature résistait férocement en initiant et développant la destruction des tissus économiques par de pillages systématiques, KWAMI Roger a constaté qu'un vide de la mémoire se créait dans la population. La Télévision Nationale était accaparée par les retransmissions journalières des séances de la CNS. La culture était reléguée à la portion congrue. La musique n'était orientée que vers la jeune génération de Wenge Musica, Victoria Eleyson, Zaïko Langa langa, Viva la Musica….

C'est ainsi que KWAMI s'est souvenu de l'émission TV des années 70-80, intitulée Tango ya ba Wendo et animée par Mesdames ANGEBI (aujourd'hui décédée) et KANZAKU Ngelebeya. Au cours de cette émission, un orchestre jouait les chansons des années 40-50 en présence d'un public et Wendo apparaissait de temps à temps.
Tango ya ba Wendo signifie "L'époque de WENDO".

La structure du film

Pour KWAMI Roger, la personne qui pouvait parler de cette époque de la musique de l'ancienne colonie belge n'était que Wendo. Lui qui a vu pratiquement naître la Rumba, qui l'a accompagnée et qui constatait son développement technique, technologique et mélodieux. Wendo était, en cette année 1993, membre de la Compagnie du Théâtre National où, avec quelques acolytes de son époque, il agrémentait un public clairsemé mais accrochant. Toutefois le grand public l'avait oublié et relégué dans les archives.

KWAMI Roger, réalisateur "malheureux" qui, en tenant à travailler dans son pays sans s'expatrier, ne trouvait pas de financement pour ses œuvres. Il a co-réalisé ce film avec Mirko qui a amené les fonds nécessaires, afin de sauvegarder un témoignage poignant de la musique congolaise.

Aussi, fait-il parler WENDO sur sa vie, son parcours musical et son regard sur la compénétration culturelle ainsi que sur la musique congolaise moderne. L'entretien a été mené par Mama KANZAKU Ngelebeya en lingala, la langue nationale particulièrement parlée à Kinshasa.

Dans ce film, Wendo raconte l'histoire de sa vie de chanteur de charme et de musicien adulé. Tout a commencé dans le fleuve Congo. Mécanicien dans les bateaux de l'OTRACO (Office de transports du Congo), il chantonnait en travaillant. Il s'est fait remarquer et fut contacté par GROMINIS, un propriétaire de studio de musique pour finalement enregistrer sur disque 33 tours. C'est l'époque des phonographes et des radios publiques munies de porte-voix. Ainsi donc, Wendo connaîtra un succès national fulgurant en fournissant toujours des tubes et en alimentant la concurrence entre les maisons OPIKA, NGOMA,... Il effectuera des tournées à travers le pays. Une telle popularité qui ne l'a pas pourtant enrichit. Il disait que : " on ne faisait pas de la musique pour de l'argent. On avait de quoi pour vivre mieux et ça nous suffisait"

Le film donne une force à cette histoire, par des incursions sur les fonds de cales de bateaux et sur la recherche d'autres témoins de l'époque. Les illustrations de la nature et des lieux où se tenaient les spectacles de musique ont apporté à ce film sa remarquable richesse de découverte. D'où cette rencontre de Wendo et du peintre naïf de style populaire à travers une toile qui souligne l'intérêt de la vie antérieure de cet artiste.

Les récompenses de ce film

Plusieurs fois diffusé sur TV5 et d'autres chaînes, le film Tango ya ba Wendo a été projeté dans beaucoup de festivals et a obtenu le prix du meilleur film documentaire au festival de OUAGADOUGOU en 1995 ainsi que le Prix NANOUK décerné par le ministère des affaires étrangères au festival du film ethnographique à Paris.

MBAKI Mazakala Simon

Filmographie de Roger KWAMI
1973 : - MOSEKA (une africaine se rendant en Europe est tourmentée par ses consoeurs à cause de ses"paillettes " d'Afrique)
1984 : - NGAMBO (les dangers de l'avortement clandestin qui guette les jeunes filles)
1993 :- TANGO YA BA WENDO

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