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Ousmane SEMBENE : le Phénix du cinéma africain
Festival du Cinéma africain de Khouribga 2008
critique
rédigé par Bouchta Farqzaid
publié le 10/08/2008
Sembène Ousmane
© Abdou Fary Faye
Sembène Ousmane © Abdou Fary Faye
Borom Sarret, 1963
Borom Sarret, 1963
La Noire de..., 1966
La Noire de..., 1966
Le Mandat (Mandabi), 1968
Le Mandat (Mandabi), 1968
Emitai - Dieu du tonnerre, 1971
Emitai - Dieu du tonnerre, 1971
Ceddo, 1976
Ceddo, 1976
Camp de Thiaroye, 1988 (co-réalisé avec Thierno Faty SOW)
Camp de Thiaroye, 1988 (co-réalisé avec Thierno Faty SOW)
Guelwaar, 1992
Guelwaar, 1992
Faat-Kiné, 1999
Faat-Kiné, 1999
Moolaadé, 2004
Moolaadé, 2004
Souleymane CISSÉ
Souleymane CISSÉ
Idrissa OUÉDRAOGO
Idrissa OUÉDRAOGO

Séquence I : Ousmane SEMBÈNE à Khouribga

En vue d'honorer sa mémoire, le Festival du Cinéma africain de Khouribga s'est octroyé le privilège de donner le nom du pionnier du cinéma africain, Ousmane SEMBÈNE, au "Grand prix" de cette manifestation, qui a lieu ce mois de juillet, du 19 au 26. À cette occasion, un hommage spécial lui sera rendu euphoriquement et son film Moolaadé ("le droit à l'asile" ou "La Protection") sera projeté, le 19 de ce même mois, en séance d'ouverture au "Complexe Culturel" et, ultérieurement Faat Kiné à la "Salle des Fêtes" de l'OCP.


Séquence 2 : Une vie pas comme les autres

C'est une redondance que de dire qu'Ousmane SEMBÈNE est une figure incontournable dans l'histoire des cinématographiques africaines. Son œuvre en est un argument assez convaincant.
Ce grand cinéaste est né à Ziguinchor en 1923. Enfant, il a appris l'arabe et le français, tandis que sa langue maternelle est le wolof. Adulte, il s'engage dans l'armée en 1942. Immigré à Marseille, il a pratiqué tous les petits boulots comme mécanicien, ouvrier, docker... Cela lui a permis d'adhérer à la CGT et au parti communiste.
Intellectuel organique, au sens gramscien du terme, Ousmane SEMBÈNE insistait fort bien sur l'articulation de la culture et de la masse ou le peuple. Ainsi, il militait pour l'Indépendance de l'Algérie et contre la guerre en Indochine, entre autres.

Artiste, Ousmane SEMBÈNE a laissé une œuvre qui s'inscrit amplement dans l'imaginaire de l'être humain, encore qu'il s'agisse des questions sociales et économiques, qui concernent l'Afrique.

Scène 1 : Une œuvre originale

Ousmane SEMBÈNE avait une grande passion pour le roman. C'est pourquoi il a commencé à écrire dès les années 50. Son œuvre est tellement plurielle et originale qu'elle constitue, à vrai dire, une nouvelle conception et de la littérature et de l'art cinématographique, en Afrique.

Plan 1 : Littérature : aliénation et prise de conscience

Dans cette première forme d'expression, Ousmane SEMBÈNE s'est insurgé contre toute littérature ethnographique ou folklorique, qui fait de l'Afrique une assimilée, à l'instar d'un petit enfant qui attend toujours de l'aide. Contre vents et marées, il lui fallait faire l'Histoire de l'Afrique autrement, c'est-à-dire s'y enraciner, loin de toute "haine" et de tout "esprit de vengeance". Pour s'en convaincre, il suffit de re-lire Le docker noir (1956), Ô pays, mon beau peuple (1957), Les Bouts du bois de Dieu (1960), Voltaïque (1962), L'harmattan (1964), Le Mandat (1965), Xala (1973), Le dernier de l'Empire (1981), Niiwam suivi de Taaw (1987), Véhi-ciosane ou Blanche-genèse (2000).

Plan 2 : Cinéma : le néant et l'être

Par ailleurs, il a commencé sa carrière cinématographique, après des études de cinéma en Russie, qui contribué à l'épanouissement du talent et à la touche sembèniens. Grâce à son style inégalable et son approche si audacieuse, il est devenu l'un des premiers et grands cinéastes du contient africain, à côté de Souleymane CISSÉ et de Idrissa OUÉDRAOGO, entre autres. On lui doit, sans nul doute, le fait qu'il a permis aux noirs de sortir de l'ombre. De simples danseurs, ils sont devenus des héros ou des personnages problématiques qui luttent pour occuper un pan de la géographie historique et qui clament haut leur droit inconditionnel d'ÊTRE. Le spectateur averti ne peut que se réjouir d'une filmographie dans laquelle l'esthétique et l'idéologique vont parallèlement. Cette première se présente ainsi : Borom Sarret (1963), L'Empire songhay (1963), Niaye (1964), La noire de… (1966) Le Mandat (Mandabí), Taaw (1970), Emitaï ("Dieu du tonnerre"), Ceddo (1976), Le camp de Thiaroye (1987), Guelwaar (1992).

Cette filmographie est riche en thèmes universels et/ou spécifiquement africains. Dans Le camp de Thiaroye, Ousmane SEMBÈNE rend hommage aux tirailleurs sénégalais en dénonçant les comportements inhumains de l'armée coloniale française. Dans Moolaadé, il s'attaque, sur un ton virulent, à la condition dramatique de la femme, qui est victime des traditions ancestrales dont l'excision…etc.

Séquence III : ciné-cendres

Audacieux, Ousmane SEMBÈNE plusieurs fois l'objet de la censure (l'affaire de Ceddo). Romancier et cinéaste, il était récompensé dans plusieurs Festivals, dont Marrakech (Prix spécial du jury). Partisan d'un art cinématographique au service le peuple (Ecole du soir) et fondateur du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou (FESPACO), le nom de ce "doyen des anciens cinéastes africains" sera consacré à Khouribga et, de ce fait, restera à jamais gravé dans la mémoire de tous ceux qui luttent pour que justice et liberté soient la substance quotidienne de notre vie.

Tel Kafka, Ousmane SEMBÈNE a fermé les yeux, le 9 juin 2007 à l'âge de 84 ans, pour mieux voir.

Bouchta FARQZAID

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