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Balufu Bakupa Kanyinda : "Nous ne sommes pas allés dans les guichets traditionnels"
Entretien de Jean-Marie MOLLO OLINGA avec Balufu BAKUPA KANYINDA, cinéaste
critique
rédigé par Jean-Marie Mollo Olinga
publié le 30/08/2008
Balufu BAKUPA-KANYINDA
Balufu BAKUPA-KANYINDA
Juju Factory, 2007
Juju Factory, 2007
Festival Ecrans Noirs 2008 (Cameroun : Yaoundé, Douala et Bamenda)
Festival Ecrans Noirs 2008 (Cameroun : Yaoundé, Douala et Bamenda)
Dieudonné Kabongo
Dieudonné Kabongo
Émile ABOSSOLO MBO
Émile ABOSSOLO MBO

Le réalisateur de Juju Factory, premier film Etalon d'or du festival Ecrans noirs, s'explique sur la naissance de son œuvre et donne sa vision du cinéma.

Votre film a été doublement récompensé. Quelle signification donnez-vous à ce trophée de la première compétition des Écrans noirs ?

C'est un grand honneur, un honneur particulier, parce que le trophée remporté par Juju Factory, ici, rentrera dans l'histoire comme celui qui a inauguré cette compétition. C'est le cinquième prix de meilleur film qu'il remporte, mais c'est au Cameroun, un pays que j'aime beaucoup, et c'est cela qui est particulier.
Le prix de Meilleur film honore le travail abattu par toute une équipe. Juju Factory donne l'image que les cinéastes africains peuvent faire du bon travail.

Qu'est-ce qui vous a inspiré ce film ?

Ce film m'a été inspiré par nos vies de cinéastes et d'écrivains. Il développe la problématique qui existe entre le créateur et son financier. Le point de vue qui prime dans une œuvre est-il celui du créateur ou du financier ? Les deux peuvent-ils s'entendre pour former une paire ? Le cinéma africain francophone est subventionné par la France. Est-ce que ce cinéma-là ne traduit pas les clichés que les Français ou les Européens, en général, ont des Africains ? "Le mendiant ne fixe pas le menu", dit un proverbe de chez nous. Il peut apporter l'assiette, mais ne peut pas exiger qu'on lui serve un steak alors qu'on a prévu des côtelettes pour lui. Nous devons financer nous-mêmes nos images. Nous ne pouvons pas tout attendre de nos États. Nous pouvons procéder comme au Nigeria, mais avec la qualité.

Est-ce ainsi que vous avez financé Juju Factory ?

Nous avons financé nous-mêmes le film. Les acteurs et tous ceux qui y ont travaillé y ont investi leur salaire. Et comme le film marche bien, les dettes commencent à être payées. Avec les 5.000.000 Fcfa gagnés ici, par exemple, les acteurs, comme Émile Abessolo Mbo, commenceront à percevoir leurs salaires. Le film a coûté 500.000 euros, et seule la post-production a été payée. Notre satisfaction est que nous ne sommes pas allés dans les guichets traditionnels.

Pourquoi vous voit-on toujours jouer dans vos films ?

C'est tout simplement pour justifier ma place de narrateur, sinon, on va se demander comment je peux raconter une histoire que je n'ai pas vécue.

Comment définissez-vous le festival de cinéma ?

Le festival de cinéma est un lieu de rencontre, particulièrement en Afrique, entre cinéastes de renom et jeunes, entre le film et son public. Derrière ces rencontres, il y a le marché. C'est un lieu où se retrouvent l'offre cinématographique et la demande. Si le public rejette l'offre, cela signifie qu'elle ne satisfait pas ses attentes. En Afrique, je fais particulièrement attention au public, parce qu'il me ressemble. Le festival est aussi ce lieu où des gens viennent acheter des films.

Comment avez-vous vécu cette semaine des Écrans noirs ?

C'est pour moi la première fois de prendre part au festival Écrans noirs, mais ce n'est pas la première fois que je viens au Cameroun. J'ai vécu une belle semaine, de beaux moments, surtout avec les jeunes. J'ai fait trois classes de cinéma avec eux.

propos recueillis par
Jean-Marie Mollo Olinga

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