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Hassan Skalli
La perle noire de nos écrans
critique
rédigé par Mohammed Bakrim
publié le 30/08/2008
Hassan Skalli
Hassan Skalli
Adieu Forain, 1998, Daoud Aoulad-Sya
Adieu Forain, 1998, Daoud Aoulad-Sya
Daoud AOULAD SYAD
Daoud AOULAD SYAD
Un amour à Casablanca, 1991, Abdelkader Lagtaâ
Un amour à Casablanca, 1991, Abdelkader Lagtaâ
Abdelkader Lagtaâ
Abdelkader Lagtaâ
Hassan Benjelloun
Hassan Benjelloun
Où vas-tu Moshé ? (Finemachiyamoché), 2007, Hassan Benjelloun
Où vas-tu Moshé ? (Finemachiyamoché), 2007, Hassan Benjelloun
Narjiss Nejjar
Narjiss Nejjar
Saâd Chraïbi
Saâd Chraïbi
Islamour | Islam ya salam (الإسلام يا سلام), Saâd Chraïbi, 2007
Islamour | Islam ya salam (الإسلام يا سلام), Saâd Chraïbi, 2007

La nouvelle est tombée comme un couperet : Hassan Skalli est mort. Pour ceux qui connaissaient l'homme et l'artiste, c'était difficile à croire, difficile à imaginer. Ce n'est pas seulement parce que ce grand homme grand, laissait toujours une bonne impression de santé physique, il était un grand athlète ayant côtoyé de grands sportifs et ayant été lui-même footballeur mais parce que surtout Hassan était un bon vivant, d'un commerce social agréable. Sa compagnie était un plaisir maniant l'humour et le fin mot. Bref, il était la Classe incarnée. Il a fait de l'élégance un choix de vie, un mode de comportement vis-à-vis du monde et des autres. Il était un grand fan de Larbi Benmbarek, celui que l'on a qualifié de la Perle noire avant Pelé ; le roi du numéro 10 africain. Hasan Skalli est tout simplement la perle noire des écrans marocains ; des écrans aujourd'hui orphelins.

Son jeu offrait des variantes allant de la tragédie à la comédie. Une prestation qui n'est jamais figée, au service de l'évolution dramatique du personnage. Il était un acteur au sens plein du mot. Généreux dans le jeu et dans ses rapports à la profession. Il acceptait les rôles dans leur complexité et aidaient les cinéastes en difficulté.

Il y a quelques années, en 2005 à Tanger, le CCM lui rendait un hommage inédit en programmant en ouverture du festival national du film, Le Collier des beignets, de Jean Fléchet, un film de 1957. Le public fut tout simplement fasciné et séduit par la forte présence du jeune Hassan Skalli dans un récit qui exprime la force de l'espoir dans l'ambiance des années de départ d'une nation qui renoue avec la vie.

Au cinéma, les participations de Hassan Skalli furent nombreuses et variées. Peut-être que dans le registre tragique, on retiendra le rôle de Kacem dans le film Adieu forain de Daoud Aoulad Syad. Un rôle crépusculaire sur la fin d'une époque. Le récit d'une errance dans les marges de la vie. Kacem un propriétaire de jeu forain en perdition. Hassan Skalli a su exprimer cette déchéance par une multitude de petits détails qui font la complexité d'un rôle, ses silences, ses "absences", son physique en vacillation…sont éloquents.

Dans le début des années 90, on le voit accompagner le tournant radical qui va mettre le cinéma marocain sur la voie du succès public : il est en effet le père diégétique de la jeune Mouna Fettou dans Un amour à Casablanca de Abdelkader Lagtaâ, record historique d'audience. Métaphoriquement cela dessine un passage de témoin entre les générations de comédiens. Hassan Skalli travaillera énormément avec Hassan Benjelloun qui en a fait son acteur fétiche. Narjiss Nejjar lui a donné un rôle emblématique d'une carrière déchue dans Wake up Morocco et dans Islamour de Saad Chraibi on le retrouve gardien d'une chambre qui porte les secrets d'une période douteuse.

Au moment où le cinéma marocain fête son jubilé d'or (1958 - 2008) et vit une dynamique qui a réhabilité entre autres la fonction du comédien, le décès de Hassan Skalli est une immense perte. Adieu Ba Hassan et que ton souvenir demeure éternel dans le ciel étoilé de nos rêves.

Mohammed Bakrim

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