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Yéla, les mélodies de la mémoire, de Fatimata LY FALL
Yéla, un témoignage de l'histoire de la société pulaar
critique
rédigé par Bineta Diagne
publié le 12/11/2008
Baba Maal et Mansour Seck (foulards).
Baba Maal et Mansour Seck (foulards).
Yéla, les mélodies de la mémoire, de Fatimata LY FALL
Yéla, les mélodies de la mémoire, de Fatimata LY FALL
Yéla, les mélodies de la mémoire, de Fatimata LY FALL
Yéla, les mélodies de la mémoire, de Fatimata LY FALL
Yéla, les mélodies de la mémoire (c) au-senegal.com
Yéla, les mélodies de la mémoire (c) au-senegal.com

Yéla, les mélodies de la mémoire est un documentaire didactique sur les origines de chants griots peuls. Ce film présente un patrimoine fondé sur la culture orale, comme témoignage de l'histoire. Il apporte une réponse subtile à la question de l'adaptation du Yéla aujourd'hui, dans les sociétés d'Afrique de l'ouest.

Lorsque le guerrier toucouleur Kolli Tenguella arriva dans le Fouta avec son armée, il fut intronisé par le chant Yéla qu'entonnèrent les femmes de son cortège. Cette mélodie onirique marqua la fin d'un long périple à travers plusieurs pays d'Afrique de l'ouest. Il s'agit là, de l'une des légendes mise en valeur dans le documentaire Yéla, les mélodies de la mémoire.

Le film suit une progression didactique. Il définit en premier lieu les origines et le sens du Yéla à l'époque. Tour à tour, traditionnalistes, professeur de lettres, ethnologue, divers cantatrices et griots y insèrent allègrement des éclairages sur l'évolution du Yéla.

Le documentaire relève avec brio l'importance du rôle du Yéla en politique. A l'époque, l'on faisait appel aux griots avant d'entrer en conflit avec l'ennemi. Leurs louanges "galvanisaient le chef de guerre" témoigne une cantatrice. Spécialistes de la parole et fins communicateurs, les griots sont présents lors des grandes campagnes. Le film explique que le Yéla procède de l'épopée mandingue qui se nourrissait de l'histoire de la surenchère. A travers plusieurs mélodies, illustrées par des images d'époque, Yéla, les mélodies de la mémoire parvient à exposer un art de la guerre chargé de symboles et de mythes. Le film sillonne l'ensemble des zones marquées par ce chant : du Boundou (région de Tambacounda) à la Mauritanie, en passant par le Fouta Toro (régions de Saint-Louis et de Matam) et Dakar.

Une force identitaire

Les chants Yéla se sont adaptés aux mœurs. Le documentaire évoque l'évolution entreprise par le chanteur Baaba Maal pour préserver le Yéla dans la société sénégalaise. Au fil des années, il a fallut ajouter un instrument à corde afin d'introduire cette mélodie peul dans une industrie musicale naissante. Avec toutefois une constante : la référence aux ancêtres. C'est précisément ce rappel permanent aux ancêtres qui semble fonder la force du Yéla. A travers la figure d'une députée à l'Assemblée nationale, Khadija Sy, les deux réalisateurs démontrent que cette force identitaire est toujours présente en politique aujourd'hui. "J'ai soif de l'entendre (...) pour moi le Yéla, c'est un autre moi-même", explique Khadija Sy, entourée de griots louant ses vertus. Le Yéla éveille ainsi une puissance intérieure. Une manière habile de transposer la violence dans l'arène politique contemporaine.

Bineta Diagne

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