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Au-delà de Gibraltar, de Mourad Boucif et Taylan Barman
Gibraltar est insurmontable
critique
rédigé par Hassouna Mansouri
publié le 23/12/2008
Hassouna Mansouri
Hassouna Mansouri
Sophie (Bach-Lan Lê-Bà Thi)
Sophie (Bach-Lan Lê-Bà Thi)
Karim et Sophie à la plage (Mourad MAIMOUNI et Bach-Lan LÊ BA-THI)
Karim et Sophie à la plage (Mourad MAIMOUNI et Bach-Lan LÊ BA-THI)
Taylan Barman et Mourad Boucif.
Taylan Barman et Mourad Boucif.
Mourad Boucif
Mourad Boucif
Taylan Barman
Taylan Barman
Taylan Barman
Taylan Barman

On se souvient beaucoup de l'éloge que François Truffaut faisait de la vidéo. Le cinéaste français reconnaissait le rôle de ce media dans la constitution de la cinéphilie. Le DVD, de nos jours a la même importance voire plus. C'est un outil de résistance en un sens. Beaucoup de films n'auraient jamais pu être vus n'eut été l'édition numérique.

C'est l'idée que nous avons en découvrant ce DVD du film belgo-marocain, Au-delà de Gibraltar coréalisé par Taylan Barman et Mourad Boucif. Le film est sorti en 2001, il n'a pas été assez vu au Maghreb et pas du tout sous nos cieux européens. C'est à l'occasion de cette édition DVD quelques années plus tard que nous le découvrons.

L'histoire d'amour entre Karim et Sophie est le centre de la réflexion sur les complexes qui brime les désirs qui naissent dans l'opposition historique des identités. L'ouverture d'esprit de tout chacun n'est jamais suffisante pour construire un monde nouveau. C'est l'aveu d'échec que semble admettre Karim en renonçant d'abord à ses efforts d'œuvrer pour l'intégration des jeunes de son quartier, en renonçant aussi à ceux de sa propre intégration. En renonçant enfin à son amour pour la femme qui le rend heureux.

Nouvellement diplômé en comptabilité, Karim ne parvient pas à trouver un emploi. La rencontre de Sophie est providentielle pour lui. Elle le ramène vers lui-même en l'invitant à voir un documentaire sur l'émigration. Elle le prend en charge affectivement et lui donne espoir. Grâce à elle, il se met à accepter de petits boulots renonçant à toutes formes de complexes. Mais tout vole en éclats après la mort accidentelle de son frère et son retour au pays, le Maroc. Le film finit sur un cri de révolte des jeunes de la banlieue de Bruxelles, mais aussi d'un sentiment de fatalité où toute possibilité de partage, d'assimilation des différences, finit par avorter.

Comme beaucoup de films dits de l'émigration, ce long métrage traite aussi de l'intégration. La complicité des deux réalisateurs d'origines différentes se retrouve dans la thématique du film lui-même et le choix de tourner avec des acteurs tous non professionnels. Il s'agit d'une tentative de comprendre ce qui pourrait mettre ensemble les émigrés et les Bruxellois toutes générations confondues. Il s'agit aussi d'entrevoir ce qui pourrait être érigé comme mur insurmontable, définissant les frontières fatales entre deux mondes, deux cultures. Malgré la complicité, le film se veut donc à la fois un aveu et un constat d'échec.

Hassouna Mansouri

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