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Autour du premier Festival du cinéma des jeunes à BOUZNIKA (Maroc)
Du 02 au 05 mai 2008
critique
rédigé par Bouchta Farqzaid
publié le 05/01/2009

Le festival s'est tenu à Rabat et Bouznika.

0. En guise de présentation :

Il est indéniable que le premier Festival du cinéma des jeunes représente concrètement cette pluralité dont témoigne le Maroc tant sur le plan géographique que culturelle. En effet, les vingt courts métrages qui étaient en lice venaient de différents horizons, à savoir Kénifra, Béni Mellal, Kénitra, Khouribga, Casablanca, Fès, Nador, Skhirate et Tétouan.
Un jury présidé par Saâd CHRAIBI a été désigné pour récompenser les lauréats prometteurs.
Grâce à la projection de films, aux débats qui s'en sont suivis et aux ateliers, qui ont été animés par Aziz ZAÏTOUNI (Prise du son), El Bakouri AMINE (Cinéma d'animation), Hamid AYDOUNI (Analyse filmique), Kamal TAMSAMANI (Image), Latifa NAMIR (Montage), cette rencontre permettait, sans doute, aux jeunes artistes d'évaluer leurs œuvres, tant sur le plan technique qu'esthétique, en termes de genre, de récit, de style et de pertinence.


I. Les thèmes :

Ces films en compétition traitent des sujets variés, mais dont le quotidien constitue une référence déterminante. A l'instar du cinéma marocain, ils reproduisent en quelque sorte des thèmes déjà débattus, que, sans les développer, on peut classer comme suit :

A. La marginalisation et l'incommunicabilité et leurs conséquences fâcheuses sur l'individu et la société, comme c'est le cas dans Les Oubliés, L'Illusion, Rêves silencieux, Souk des sourds, Le portail, Conflit, Retour, Le voleur, Trabajo, Quête de destin et Sur une feuille blanche.

B. La drogue : ce fléau est à relever dans Trop tard…, Cas du 36, La Fumée du tabac et Défi.

C. L'affect : Dépression

D. L'image : si jeune soit-il, ce cinéma ne s'est pas pour autant désintéressé de ce qui fait la matière de l'art visuel : la photographie (Les oubliés) le cinéma (Silence du cinéma), la peinture (Tableau pictural) et la télévision (Zapping).

II. Le genre :

À cet égard, diverses factures génériques sont à signaler. Car, si la plupart des courts métrages mettent en scène un drame et social et culturel, Souk des sourds s'inscrit dans une tradition populaire de genre comique, tandis que Mariage illégal est plutôt du côté fantastique et que les réalisateurs du Voleur et du Conflit ont opté pour une autre esthétique, à savoir "le film d'animation"

III. Le colloque :

Il est à rappeler que les organisateurs ont trouvé judicieux d'organiser ce colloque sous le titre de "Cinéma des jeunes : création et production". Y ont participé Youssef AIT HAMMOU (chercheur), Mohamed BAKRIM (responsable au CCM), Khalil DAMOUNE (critique), Yacine BELARAB (directeur de la section de la jeunesse) et Hamid AYDOUNI (modérateur).
Pour ce dernier, ce festival s'inscrit dans une continuité part rapport aux autres festivals, qui, eux-mêmes, sont ancrés dans des valeurs de modernité, de démocratie et de liberté.
Monsieur Yacine BELARAB a pris la parole pour souligner que la Maison des Jeunes est dépendante, en premier lieu, de la volonté des jeunes artistes et que l'objectif de ce festival est de contribuer, à l'aide des spécialistes en la matière, à l'amélioration et au développement des compétences des talents en herbe, d'autant plus que l'image est, aujourd'hui, l'outil d'expression le plus efficace.
Après avoir distingué le support cinématographique et le support télévisuel, et départagé cinéma amateur, cinéma professionnel et cinéma spontané, Monsieur Youssef AIT HAMMOU, lui, a noté quelques caractéristiques dans les films en compétition, telles que l'absence de la culture populaire et de l'adaptation ; la récurrence des flash-backs, de l'effet (intérieur : maison…).
Un des fondateurs de la Fédération nationale des ciné-clubs au Maroc, Khalil DAMOUNE a soutenu l'idée que ce Festival représente une continuité de ce que les anciens combattants de l'image, dont monsieur Nour-Eddine SAÏL, ont entamé au sein des ciné-clubs : la culture de l'image. Aussi, il a sommé les jeunes réalisateurs à s'auto-former et à se spécialiser en vue de pouvoir créer dans les normes reconnues. Pou lui, ce "cinéma spontané" ne doit point être objet de critique, dans la mesure où toute évaluation, pour être objective, est appelée à tenir compte des conditions dans lesquelles ces films ont été produits.
Lors de son intervention, Mohamed BAKRIM a commencé par mettre l'accent sur la relativité de la dénomination "jeune" et sur la ""générosité" du cinéma pour encourager les jeunes artistes à œuvrer davantage, car l'image est le moyen le plus fréquent pour traduire l'imaginaire marocain, individuel et collectif. En plus, il a avancé que le cinéma marocain connaît, ces dernières années, un dynamisme assez poignant qui se manifeste dans la production (entre 15 et 20 longs métrages et 50 et 60 courts par an), la visibilité (présence du film marocain des les Festivals et sa place au Box-office au Maroc) et la diversité (thèmes, genres et générations). Cela s'explique, d'après ce critique, par un héritage cinéphilique au Maroc (la Fédération nationale des ciné-clubs au Maroc), par la volonté et la passion de quelques pionniers, comme Abd-Er-rahman TAZI, Abd El Kader LAGTAA, Mustapha DERKAOUI entre autres, et par la volonté publique traduite dans le Fonds d'aide et Le Festival de Marrakech, qui constitue à vrai dire une locomotive pour le cinéma marocain.
Lors du débat, les participants ont pu poser des questions aux responsables du secteur. Certaines de leurs remarques se résument ainsi :
1) Manque de matériel au sein des Maisons des Jeunes (caméra, lecteur DVD…)
2) Manque de formation en matière du cinéma
3) Problèmes juridiques (autorisation…)
4) Nécessité de créer des réseaux des jeunes réalisateurs à l'échelle nationale
5) Définition des critères de sélection (La délégation de Tétouan a taillé la part du lion avec cinq (05) films sur vingt (20))
6) Raison de la programmation du film "Rêves silencieux" en séance d'ouverture.



IV. Pour conclure :
Chasseurs d'image, ces jeunes artistes seraient exposés à des pénalités juridiques (filmer des personnes à leur insu). Aussi sont-ils imbus d'une tradition télévisuelle qu'il faut mettre toujours à distance pour faire du bon cinéma.
En somme, il est beaucoup de stéréotypes et des idées préétablies sur les métiers du cinéma qu'ils appelés à détruire doucement mais sûrement.
Ceci est un travail d'accompagnement.

Bouchta FARQZAÏD

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