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Casa Negra, de Noureddine Lakhmari
Noir sur blanc
critique
rédigé par Noureddine Mhakkak
publié le 19/01/2009
Noureddine Mhakkak
Noureddine Mhakkak
Nour-Eddine Lakhmari (2006)
Nour-Eddine Lakhmari (2006)
Nour-Eddine Lakhmari (2008)
Nour-Eddine Lakhmari (2008)
Storyboard de Naoufal Lhafi
Storyboard de Naoufal Lhafi
Storyboard de Naoufal Lhafi
Storyboard de Naoufal Lhafi
Storyboard de Naoufal Lhafi
Storyboard de Naoufal Lhafi
Storyboard de Naoufal Lhafi
Storyboard de Naoufal Lhafi

Les jeunes Casablancais pleins d'espoir malgré les frustrations de leur situation sociale !

Le film Casa Negra qui signifie en langue arabe " La maison noire" de Noureddine Lakhmari est un véritable événement cinématographique dans la tendance du nouveau cinéma marocain, autant au niveau du thème traité que de la dimension technique. Le scénario, fort, a été écrit par le réalisateur Noureddine Lakhmari lui-même. Ce scénario est basé sur le suspens et la mobilité de ses personnages. Parmi les acteurs, il y a les deux rôles principaux joués avec une grande compétence par Omar Lotfi et Anas El-Baz, sans oublier le rôle de "Zrereg" inspiré du personnage "le boucher" dans le film Gangs of New York du grand réalisateur Martin Scorsese. Ce rôle a été interprété ici par le grand acteur marocain Mohamed Ben Brahim. On peut dire la même chose pour l'artiste Driss Rokh qui a pu jouer lui aussi avec une grande professionnalité un rôle très complexe, celui d'un mari, ivre et autoritaire, qui frappe presque tous les jours sa femme. Ce rôle, qui a montré la force artistique qui possède cet acteur, surtout dans les moments de la réincarnation des forces et des faiblesses de cette personnalité psychiquement malade.

Le film s'ouvre sur la poursuite de deux jeunes hommes casablancais par la police, avec un rythme rapide qui lui permet de montrer l'espace des événements et la particularité des jeux des acteurs, comme dans les films, surtout américains. Ce qui nous permet aussi de dire que le réalisateur Noureddine Lakhmari a pu offrir non seulement un film marocain fort au cinéma marocain, mais aussi il a pu offrir en même temps un film qui sera considéré dans les jours à venir, parmi les bons et les beaux films du cinéma marocain dans tout son parcours.
Après cette première scène, le film nous fait revenir trois jours en avant pour nous raconter ce qui s'était passé, et quelles sont les raisons qui ont conduit à cette course-poursuite. Cette technique est bien connue dans les films euro-américains, mais le réalisateur Noureddine Lakhmari l'emploie positivement, et sans aucun coût ou une intrusion, ce qui est une précision remarquable, et qui mérite d'être mentionné. Ainsi l'histoire du film s'est centrée sur la vie de deux jeunes hommes.

Chacun d'eux vit dans le plein vide émotionnel et matériel dans la grande ville de Casablanca, ou plutôt dans ses quartiers populaires. Le film nous donne dès le début le caractère des deux héros.
Karim (joué par Anas El-Baz avec beaucoup de professionnalisme et de sensibilité), est un jeune homme qui aime être élégant, malgré sa pauvreté. Il porte un costume qui lui donne confiance en lui. Il essaie d'aider sa famille : son père retraité qui a souffert tant de la maladie après une longue période de travail, et sa petite sœur qui travaille beaucoup pour pouvoir réussir dans ses études. Sa relation avec sa famille est équilibrée, surtout avec sa mère.
Adil, lui, est un jeune homme qui vit dans une situation difficile sur à niveaux. Le premier niveau est à l'intérieur de la maison dans laquelle il vit avec sa mère et son beau-père. La mère souffre quotidiennement à cause de son mari qui la frappe souvent. Le second niveau est en relation avec la rue où il passe ses journées à la recherche d'un travail qui lui permettra de gagner de l'argent afin de réaliser son rêve : immigrer vers l'Europe.

Le film nous présente la vie de ces deux jeunes hommes dans un espace populaire de la ville de Casablanca, à la fois en journée comme dans la nuit, et tant à l'intérieur du lieu de travail, comme dans l'usine des poissons du jeune Karim, ou dans le bar où les deux jeunes hommes vont rencontrer "Zrereg" et son amante qui gère ce bar même.
Ainsi, Noureddine Lakhmari remodèle l'espace de la ville de Casablanca en la montrant avec un réalisme cinématographique remarquable. Ce regard réaliste se manifeste à la fois à travers la langue forte et audacieuse utilisée dans le dialogue du film (comme dans la réalité) et au niveau de l'image. Malgré la mélancolie, un espoir ferme demeure, surtout pour les jeunes qui rêvent de la belle vie et qui n'ont pas perdu la foi dans les valeurs humaines sous la forme d'assistance, de coopération et de préoccupation pour les relations humaines. Le film manifeste une vive chaleur sociale en parlant de l'amour envers la famille, à travers la relation de ces deux héros avec leurs mères et l'amitié, la tolérance et le soutien aux autres...

Le cinéaste Noureddine Lakhmari a recueilli avec ce film l'admiration de la critique ainsi que celle du public marocain.
Au-delà de ce qui peut être dit, ce film est l'un des films marquants du cinéma marocain d'aujourd'hui et sera sans doute consacré comme un film majeur du patrimoine de ce cinéma.

Noureddine Mhakkak

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