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L'homme qui n'arrivait pas mourir
Guy Désire YAMÉOGO signe son premier long métrage
critique
rédigé par Emmanuel Sama
publié le 18/02/2009
Guy-Désiré Yaméogo
Guy-Désiré Yaméogo
Abdoulaye Dao
Abdoulaye Dao
Quand les éléphants se battent, Abdoulaye Dao, 2006
Quand les éléphants se battent, Abdoulaye Dao, 2006
Filippe Savadogo
Filippe Savadogo

Drames, enquêtes policières, investigations de journaliste, phénomène mystiques sont les ingrédients du premier long métrage de Guy Désiré YAMÉOGO. Le cinéaste d'enfance a grandi avec des thèmes de plus en plus variés. Son premier long métrage L'homme qui n'arrivait pas mourir est un mélange de genre qui s'annonce détonnant.

Guy Désiré YAMÉOGO apparaît dans le monde cinéma en 1996 avec un poignant de court métrage Si longue soit la nuit, cri de cœur aux enfants encéphalopates. Se sont succédées d'autres œuvres sur l'enfance comme SOL-EN-DIF (Solidarité, enfance en difficulté), La rue n'est pas le paradis qui est un film de sensibilisation en épisodes de 5×10 mn sur les causes de l'exode rural et les conditions de vie des enfants de la rue.
Il a également été sollicité pour la direction d'acteur d'enfants, sur d'autres films tel que celui des petites excisées dans Si je savais… de Adjaratou LOMPO. Ses talents de scénariste amènent les réalisateurs Valérie KABORÉ et Habibou ZOUNGRANA à lui faire appel pour la série INA et le court métrage La Rupture.
En 2005 il crée avec son ami Abdoulaye DAO une série socio-politique et policière Quand les éléphants se battent… réalisée par ce dernier.

La Substance

Le premier long métrage de Guy s'inscrit dans le nouveau flirt du scénariste avec le mélange de genres. L'homme qui ne voulait pas mourir est cuisiné dans le mystère, le fantastique le policier comique, l'ambiance musicale.
C'est une histoire rebondissante à trois niveaux. L'intrigue principale installe au cœur du film la mort d'un Européen chez une danseuse (Bineta) et l'absence de celle-ci. Un jeune inspecteur de police (Smarty) prend l'affaire en mains avec des frictions cocasses entre subalternes et chefs hiérarchiques. Parallèlement une perspicace journaliste investigue pour savoir ce qui s'est passé, d'autant plus qu'elle a ouï dire que cette maison avait connu des drames similaires. De ce pré-existant obscur s'ouvre la troisième voie, celle du mystique. Pourra-t-on scientifiquement expliquer cette mort ? Elle serait l'œuvre du fantôme d'un vieil homme auquel Bineta était promise : elle s'enfuit en ville pour refuser ce mariage forcé. Pour exorciser le sort qui frappe ses amants, elle devra se soumettre au rituel de la danse de la mort, comme toutes les autres femmes du défunt.

L'essentiel du tournage est bouclé. La deuxième étape est un autre combat qui s'engage pour le cinéaste au regard de la précarité des moyens financiers du tournage qui a duré un mois (mi-novembre-mi-décembre 2007). Aux dernières nouvelles, il ne reste que deux séquences à tourner pour le bouclage définitif avant le kinescopage.

Des moyens modiques

Ce premier long métrage à défaut d'être tourné en 35mn comme prévu, l'a été en numérique haute définition (HD) cinéma. Le montage financier comprend deux appuis financiers principaux : le fonds image du ministère français des affaires étrangères (MAE) pour 30 millions de francs CFA et le fonds de développement du ministère de culture du tourisme et de la communication (MCTC) du Burkina Faso.
L'appui matériel et l'emploi des techniciens du centre national de la cinématographie (CNC ex DCN) sont estimés en liquidité autour de 20 millions de francs. L'enveloppe de 5 millions de francs que le MCTC a mis à la disposition de Films essentiels (société de production de Guy Désiré YAMÉOGO) est un geste qui l'a vraiment touché.
"Je tiens à souligner que depuis douze ans que je fais du cinéma, c'est la première fois que je reçois un soutien financier du ministère. C'est très important et je tiens à remercier le ministère et son principal animateur le ministre SAVADOGO".
Pour le commun des Burkinabès, 35 millions, c'est beaucoup, mais imaginez le carburant à assurer pour cinq véhicules au moins, une équipe de 30 personnes au bas mot, sans compter de nombreux participants à déplacer, à restaurer durant 30 jours, des salaires et primes à payer cash, des câbles et choses et des choses à pourvoir. Il a fallu développer le génie pour faire face à la modicité.
"Très vite, on s'est rendu compte que l'argent n'allait pas suffire. Je me suis dis qu'il y a une première étape : le tournage. On a pu avoir de l'argent de gauche à droite. Mais on n'a pas eu de soutiens sur place. On n'a pas eu d'autres sponsors. Grâce aux uns et aux autres, on a pu jongler".
Guy ne fait que ressasser l'une des lacunes du financement des films au Burkina qui réside dans la frilosité des institutions et opérateurs privés de la place à s'investir dans le cinéma.

Un cocktail de têtes d'affiche

Après plusieurs essais insatisfaisants, Guy Désiré en quête de sa comédienne principale qui devait être une danseuse remarquable et capable d'interpréter un rôle. Dans ses pérégrinations il la trouvera sur scène du CITO (carrefour international du théâtre de Ouagadougou) dans la pièce Kouma Kura de HEMA Issa, en la personne de Assita OUÉDRAOGO. Celle qui incarne le personnage de "Bineta", Musicienne et danseuse, Assita Ouédraogo, pour un premier rôle avait besoin d'être solidement entourée. Guy Désiré, a donc fait appel à des comédiens chevronnés comme Rasmané Ouédraogo, dans un second rôle de flic, Blandine Ouédraogo et d'autres têtes d'affiche telles que Hyppolite Wangrawa, Abdoulaye Komboudri, Ildevert Méda, Halidou Sawadogo, Joseph Silga. La vedette du groupe Yeleen, Smarty, qui a déjà sa petite expérience d'acteur de cinéma, tient le rôle d'inspecteur de police.
Peu affirmatif sur la date de sortie du film, Guy Yaméogo est plutôt braqué sur sa finition qui nécessite d'autres déblocages de fonds. Ce film, Guy Yaméogo le dédie à toutes les femmes africaines.

Emmanuel SAMA
journaliste, critique de cinéma

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