AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
25 004 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
La maison jaune, de Amor Hakkar, Algérie
Un hymne à la vie
critique
rédigé par Saïdou Alceny Barry
publié le 18/03/2009
Saidou A. Barry
Saidou A. Barry
La Maison Jaune
La Maison Jaune
Amor HAKKAR, cinéaste
Amor HAKKAR, cinéaste
Le tricycle
Le tricycle
Mouloud (le père)
Mouloud (le père)
Fatima (la mère)
Fatima (la mère)
Alya
Alya
La police
La police
Alya
Alya
Alya
Alya
Fatima (la mère)
Fatima (la mère)
Fatima (la mère)
Fatima (la mère)
Tournage
Tournage
Tournage
Tournage
Alya et Mouloud
Alya et Mouloud
La maison
La maison
L'Affiche par le peintre Kim Nezzar, chef décorateur et costumes du film
L'Affiche par le peintre Kim Nezzar, chef décorateur et costumes du film
Amor Hakkar, réalisateur et Céline Brotons, productrice de La Maison Jaune, en compagnie de Masoud Amralla Al Ali, directeur artistique du festival de Dubaï
Amor Hakkar, réalisateur et Céline Brotons, productrice de La Maison Jaune, en compagnie de Masoud Amralla Al Ali, directeur artistique du festival de Dubaï

Ce long métrage de l'Algérien Amor Hakkar est un film sur le deuil et la lutte d'un Père Courage pour le bonheur de sa famille. C'est aussi un chant au pouvoir du cinéma.

"Un seul être vous manque et tout est dépeuplé" dit le poète. Dans La maison jaune, la mort du jeune conscrit Belkassem dans un accident crée un vide immense qui va affecter profondément la famille Boulem. Pendant que la caméra suit un convoi de mariage avec son orchestre de musique qui traverse le village, un véhicule de gendarmes se gare devant la maison Belkassem montrant que la joie et la peine sont les deux mamelles de la vie.

Tout bascule avec la lettre remise à Aya, la petite sœur de Belkassem et annonçant le décès de l'unique garçon de la famille Boulem. La caméra cerne le visage ravagé de la mère qui hurle sa douleur, les bras au ciel comme crucifiée, avant de tomber dans l'apathie. Le père, après un moment d'hébétude, se reprend et décide d'aller chercher la dépouille de son fils à Batna. C'est juché sur son tricycle à moteur qu'il fera la longue traversée vers la ville. Cette descente des montagnes des Aurès vers la ville est une descente dans les cercles de l'Enfer pour ramener un être cher.
Cette sorte de road movie est filmée en clair obscur, la caméra suivant le père dont la silhouette se découpe comme un spectre dans le paysage où domine la nuit et l'ombre, comme si la mort avait étendu son linceul sur les choses. Il croise des petites gens de bonne volonté qui lui viennent spontanément en aide : un vieil taximan, un pompiste, et même un iman qui offre les derniers sacrements au mort.
Seule la machine bureaucratique se révèle un obstacle à travers ses règlements absurdes. À la morgue, il faut que le père attende l'heure d'ouverture pour voir le corps de son fils, il faut aussi un papier pour retirer le corps. Même quand le fils sera mis en terre, l'hydre bureaucratique mettra ses tentacules dans les entreprises du père. Pour rencontrer le maire de son bled, pour avoir un rendez-vous avec le préfet.

Toute la seconde partie du film est consacrée à l'apprentissage de la vie après la disparition du fils. Après l'enterrement du jeune homme, on pensait que les jours heureux reviendront et que la vie de la famille Boulem s'écoulerait de nouveau entre le travail de la terre, et la vente des produits du jardin. Mais le fort vent qui souffle sur le Douar à beau arracher le linge qui sèche sur les cordes, il ne peut emporter la mélancolie dans laquelle baigne la mère. Le père aidé par l'adolescente Aya essayera de redonner des couleurs à sa femme. Par tous les moyens. Il va même en pharmacie pour acheter un produit qui soigne la tristesse mais le pharmacien lui conseillera de repeindre sa maison en jaune. Ce qui sera fait : la petite maison sur la montagne sera d'un jaune soleil sous les pinceaux de toute la famille. La peinture n'aura aucun effet sur l'humeur de la mère. Ni le chien acheté parce que la mère adorait son chien quand elle était jeune fille. Finalement, le père ramènera un téléviseur et un magnétoscope dans son gourbi sans électricité pour visionner la cassette laissée par le défunt. Il démarchera le maire et le préfet pour qu'on lui descende un fil du poteau électrique qui jouxte sa concession. C'est sur une famille réunie autour des images du fils que se clôt le film. Ainsi donc, la force du cinéma permet de vaincre la mort et de ressusciter le fils disparu dont le visage et la voix sont là, dans la petite lucarne. De nouveau il s'adresse à sa famille.

La maison jaune est un beau film sur le deuil et la quête du bonheur. Un bonheur difficile mais accessible à un homme ordinaire comme le père Boulem déterminé à réenchanté la vie après le deuil. De La maison jaune, il émane une certaine tristesse renforcée par la musique de Fayçal Salhi et de Joseph Macera et aussi une poésie acidulée. De la douleur, on extrait parfois de la beauté. Et La maison jaune est un film un tantinet tristounet mais un film à voir.

Barry Saïdou Alceny

En Compétition officielle Longs Métrages, La maison jaune a eu le Prix Signis et le Prix Inalco au Fespaco 2009.

Films liés
Artistes liés
Structures liées
événements liés