Boubakar Diallo met les pieds dans le plat et relance le débat en traitant dans son 10e long métrage Cœur de lion de l'esclavage sous un prisme afro-africain. Il risque ainsi de se faire accuser de décharger l'Occident de sa culpabilité en posant les Africains comme les responsables de la mise en esclavage de leurs frères. Dans le film, les Occidentaux ont un rôle passif. Les esclaves sont vendus par leurs consanguins et le trafic est entretenu et organisé par des Africains. Aujourd'hui, le disque des accusations réciproques de crime contre l'humanité est rayé.
Le thème méritait cependant un traitement de rigueur que l'insuffisance d'éclairage ou la mauvaise qualité du son desservent. Les habitants du village portent des tenues quasiment identiques, que le dosage de la lumière ne permet plus de différencier. Les comédiens sont habillés en fonction de l'époque mais les coupes de cheveux sont celles du 21e siècle. On passe du danger du lion à la traite négrière sans un connecteur logique. Un chasseur tue un lion comme un rat, à l'aide d'un seul coup de lance, et le lion meure sans agressivité ni rugissement…
Abraham Bayili (Burkina Faso)