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Whatever Lola wants, de Nabil Ayouch
Une merveilleuse leçon de volontarisme
critique
rédigé par Jacques Bessala Manga
publié le 22/03/2009
Jacques Bessala Manga
Jacques Bessala Manga
Nabil Ayouch
Nabil Ayouch

À travers une histoire d'amour, le réalisateur marocain invite au dialogue des cultures. A condition qu'on le veuille.

Le curieux titre du dernier film de Nabil Ayouch laisse perplexe. Tant il renvoie l'une de ces histoires américaines formatées à la Hollywoodienne. Si le film parle d'Amérique, s'il met en scène des sujets américains, il reste étonnamment un film universel.

Whatever Lola wants, c'est l'histoire d'un amour banal et impossible entre Lola, une Américaine excentrique, passionnée de danse et d'aventure, et Zack, un Égyptien acidulé, pur sang arabe, venu faire des études en Amérique. Une histoire d'amour sur laquelle plane pourtant l'ombre de Youssouf, un gay banni d'Égypte et qui a trouvé terre d'asile et d'expression de sa sexualité en Amérique. C'est ensuite, et au-delà de tout, la rencontre de deux civilisations que tout oppose. C'est aussi le croisement de deux univers qui s'admirent sans oser se toucher, qui se suspectent sans pouvoir justifier leurs craintes. C'est enfin l'histoire d'une passion obsessionnelle et mythique, celle de Lola pour la danse orientale en particulier, dont elle s'est éprise grâce à son ami gay, et qu'elle pratique comme hobby après son travail harassant de postière.

Partie en Égypte à la poursuite de son prince charmant, elle va se mettre à l'école de Ismahan, une danseuse du ventre déchue, et qui va ressusciter grâce au talent, à la volonté et au succès de cette élève entêtée. Le cœur même de la mondanité cairote, ses cabarets enluminés, les arrière-cours de la jet set, et l'univers angoissé de la star system locale sont merveilleusement mis en relief par la caméra judicieuse de Vincent Mathias, qui sait invariablement alterner les gros plans et les plans serrés, facilitant une expression des émotions des divers acteurs. Les musiques très enlevées du film en rajoutent à une poétique qui tend à l'assimiler à une comédie musicale, si on force le trait.

Indignée par l'hypocrisie de son apollon, frustrée par le refus d'Ismahan de lui apprendre la danse orientale, intimidée par les autres danseuses jalouses du club où elle fait quelques piges pour survivre au Caire, Lola va néanmoins trouver la force de combattre pour arriver à ses fins. La consécration que son contrat au Nile tower, le must des cabarets cairotes, n'est que le début d'une réconciliation annoncée de tous ceux qui sont en délicatesse. Ismahan va retrouver l'homme de sa vie et recommencer à vivre sa passion de la danse. À la fin, Lola va retourner dans son pays, et recommencer une nouvelle vie avec son ami gay. Si le titre du film de Nabil Ayouch est une question, la réponse est toute trouvée : "What Lola wants, Lola gets it", tel que les affiches des music halls de New York le disent dans la scène finale. (Traduction : "Ce que veut Lola, elle l'obtient").

C'est sans surprise que l'on pourrait retrouver Nabil Ayouch sur le podium de cette 21ème édition du Fespaco. Merveilleusement mené par un réalisateur perfectionniste, servi par des décors idylliques, rehaussé par un jeu d'acteurs irréprochable, Whatever Lola wants, programmé en compétition officielle lors de la 21ème édition du Fespaco, est construit sur une double référence : la caverne d'Ali Baba d'un coté ; le réalisme américain de l'autre.

Jacques Bessala Manga (Cameroun)

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