Le film Un fiancé pour Yasmina constitue un pas remarquable dans la riche filmographie de l'actrice marocaine si talentueuse Sanaa Alaoui. Cette actrice qui a bien rendu le personnage de Yasmina, en l'interprétant avec une réussite extraordinaire dans ce film, comme d'ailleurs dans les autres films (marocains) dont elle a décroché le rôle principal : Face à face, Yasmine et les hommes de Abdelkader Lagtaâ, Oud El Ward ou La beauté éparpillée de Lahsen Zinoun, et Ici et là de Mohamed Ismail.
Car, en jouant le rôle de Yasmina, elle a pu refléter toute la simplicité et la complicité de ce personnage féminin très dynamique, dans tous ses états : ceux du bonheur et du malheur. Elle a pu montrer les sentiments profonds de Yasmina à travers des gestes bien calculés et des paroles bien maîtrisés.

Un fiancé pour Yasmina raconte l'histoire d'une jeune femme marocaine cultivée et séduisante qui arrive en Espagne avec l'intention d'y rester. Le film s'ouvre sur elle en train de chercher à obtenir des documents qui peuvent l'aider à réaliser son rêve : aller en Espagne pour continuer ses études universitaires, ou au moins travailler et vivre dans une situation légale.

La jeune Marocaine avait déjà une relation amoureuse avec un jeune Espagnol nommé Javi qui travaille au service de la police. Mais quand elle lui demande de l'épouser afin de régler sa situation, il s'est enfuit ; la laissant seule devant son destin.
Son frère qui est aussi un émigré, la met dehors et de ne jamais revenir chez lui. Ce qui l'oblige à aller habiter chez une assistante sociale qui s'appelle Marie, et à travailler en plus dans une association d'immigrés comme professeur de langue espagnole pour les femmes.

Toujours en vue de réaliser son rêve et de ne pas laisser ces mauvaises conditions l'obliger à croiser les bras et peut-être à retourner au Maroc, Yasmina va essayer de trouver un mari, coûte que coûte. Elle est même prête à payer.

Ici, on voit que la réalisatrice espagnole Irène Cardona veut traiter le sujet du mariage blanc avec beaucoup de compréhension, puisque ce mariage représente quelques fois la seule solution pour les émigrés, femmes ou hommes. C'est le cas de Yasmina dans le film.

Mais en parallèle de sa recherche d'un mari qui accepterait de l'épouser sur le papier contre une somme d'argent, Yasmina va travailler comme professeur de langue espagnole en aidant les femmes émigrées pour mieux s'intégrer dans la société espagnole.
La chance va-t-elle lui sourire ? Car après plusieurs tentatives, elle rencontre un homme. Sera-t-il le bon candidat ? La réalisatrice à confié ce rôle à l'acteur espagnol JL García Pérez, qui a pu traduire l'absurdité de la vie d'une part et la profondeur de l'amour humain d'une autre part. Cet amour humain qui se construit doucement mais sûrement dans les cœurs.

Ce très beau film soulève la question de l'émigration vers l'Europe, en la traitant avec beaucoup de profondeur et de tolérance ; ce qui fait de lui un bon film qui mérite d'être vu et revu.

Noureddine Mhakkak