Traiter un thème majeur tel le problème des conflits politiques entre étudiants au sein de l'université, ainsi que les conséquences de ces conflits sur leur quotidien et leur destin, est une aventure thématique et artistique qui vaut la peine d'être présentée. Ce film propose aux spectateurs un film politique engagé, un genre cinématographique qui devient ces temps-ci un peu rare
C'était une nouveauté cinématographique alors, pour un jeune réalisateur marocain très ambitieux et très talentueux en même temps.
À travers une belle histoire d'amour bien ardente, ce film qui a pour titre "Le temps des camarades" essaie de raconter la vie des étudiants, dans l'univers de l'université, au début des années 90. Mohamed Chrif Tribak montre les divergences dans leurs préoccupations politiques. Il y a celle des gauchistes dont relèvent les deux héros principaux du film, Rahil et Said. Il y a aussi celle des islamistes, qui commence, dans ces années là, à prendre de l'importance dans le milieu estudiantin.
Le film essaie aussi de nous donner une vision sur les sentiments d'amitié et d'amour qui règnent entre quelques étudiants de gauche, ce qui les réunissent, et les rendrent solides devant les obstacles qui arrivaient de temps à autre devant leur chemin.
Le film s'ouvre sur Rahil, une jeune étudiante qui vient juste de décrocher son bac, et s'inscrit à l'université. Mais les conflits politiques entre les étudiants qui règnent sur le ciel et la terre de l'université, au sein de l'UNEM, l'obligent enfin de choisir, elle aussi, son camp politique qui n'était que celui de son copain Said, c'est à dire celui de la gauche marxiste, le mouvement des étudiants bassistes.
Parallèlement à cela, cette jeune étudiante continuait à suivre ses études avec beaucoup d'intérêt. Le rôle est bien rendu par la jeune actrice Farah El Fassi, l'une des meilleures nouvelles actrices marocaines, telles Sana Mouziane, Sanaa Alaoui, Morjana El Alaoui, et bien d'autres.
Le réalisateur la montre souvent, soit à la bibliothèque en train de lire un livre, soit dans sa chambre en train de réviser ses cours. Ce n'est pas le cas avec l'une de ses amies qui essaye de toutes ses forces de trouver coûte que coûte un mari. Ce dernier personnage (très bien joué) apporte une bonne touche comique.
En appuyant sur les conflits politiques entre les étudiants (son thème principal, indiqué par le titre), le film essaie - et c'est son point fort selon nous - de plonger le spectateur dans la vie des étudiants. Cela à travers leurs relations d'amitié ou d'amour, leurs petites aventures hors de l'université ou de la cité universitaire, tels les aventures du formidable personnage du Rahil et celui du Said, ainsi que de leurs camarades.
Le film a été bien accueilli par le public marocain, surtout au festival de cinéma méditerranéen à Tétouan 2009, où il a décroché le prix du public. Le mérite en revient d'après nous à son thème qui s'ouvre sur les problèmes majeurs des jeunes étudiants, politique, amour et amitié, ou selon une autre expression, sur l'engagement politique et l'engagement sentimental. Il ne faut pas oublier la maîtrise de son jeune réalisateur Mohamed Chrif Tribak qui tient bien en mains tout son film. Mention spécial au jeu des acteurs : Farah El Fassi, Mohamed Assou, Manal Es Seddiki, et les autres.
Noureddine Mhakkak
