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Alexandrie… New York, de Youssef Chahine
Le Cinéma égyptien s'invite à New York
critique
rédigé par Bineta Diagne
publié le 23/04/2009
Youssef Gabriel CHAHINE (يوسف جبريل شاهين)
Youssef Gabriel CHAHINE (يوسف جبريل شاهين)
Alexandrie… New York (Iskendereya...NewYork), 2004
Alexandrie… New York (Iskendereya...NewYork), 2004
Gare centrale (باب الحديد), 1958
Gare centrale (باب الحديد), 1958
Gare centrale (باب الحديد), 1958
Gare centrale (باب الحديد), 1958
En 1996, le Festival de Locarno a organisé une rétrospective Chahine
En 1996, le Festival de Locarno a organisé une rétrospective Chahine
En 1997, Chahine reçoit à Cannes le Grand Prix du 50ème anniversaire du Festival pour l'ensemble de son œuvre.
En 1997, Chahine reçoit à Cannes le Grand Prix du 50ème anniversaire du Festival pour l'ensemble de son œuvre.
1997 : Le Destin | Al Massir | المصير
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Alexandrie... New-York est le quatrième et dernier film de Youssef Chahine sur sa ville natale, Alexandrie. Il y parle de manière singulière et légère du milieu du cinéma, du rêve américain et de la tolérance. Un vaste voyage dans la mémoire du réalisateur.


L'histoire se déroule à New-York, où Yéhia Choukry, un réalisateur égyptien, est invité à un hommage autour de ses œuvres. Il y retrouve Ginger, son amour d'enfance, rencontrée lors de ses années d'études à l'institut d'art dramatique de Californie. Autour d'une histoire simple se tisse l'idée du rêve américain et du voyage, comme l'indique d'emblée le titre du film.

Le jeune Yéhia jongle en permanence entre son imagination et la réalité. Lorsqu'il fait ses premiers pas à l'institut d'art dramatique, il n'a qu'un seul objectif : jouer le rôle de Hamlet. En observant les prouesses du danseur et comédien incarné par Ahmed Yahia, l'on saisit avec force ce qui a poussé Chahine vers la mise en scène. Chaque idée, chaque souvenir est prétexte à un flashback sur la jeunesse de Yéhia et se termine par une digression sur de somptueuses prestations.
C'est le cas lorsque Yéhia (adulte) raconte ses "4 minutes" passées dans un studio de production hollywoodien et sa déception d'en avoir été rejeté. On le voit frustré, se confessant à la vendeuse de sandwich proche du campus universitaire. Un moment propice pour nous projeter dans tout une mise en scène de théâtre classique. Cette partie rétrospective sur la vie du réalisateur est filmée avec tendresse et nostalgie. Son rythme lui confère davantage un style "bollywoodien".

Quant à Yéhia, il est "bizarre" comme le qualifient plusieurs personnages du film. "Il vit tout en imagination" résume Ginger à son fils. Ce personnage, d'abord épris du rêve américain, désire au fil du temps, filmer les grandes gloires arabes et/ou égyptiennes sur grand écran. Il sera ainsi question d'une production "à la gloire de Nasser" avec en toile de fond, "le mythe du Nil". Alexandrie... New York respecte ces ambitions : Youssef Chahine tourne toutes ses séquences en langue arabe, avec des acteurs égyptiens, au milieu de décors américains.

Un message de tolérance

Alexandrie... New York évoque aussi le contexte politique de conflit et de rejet permanent de "l'autre".
Youssef Chahine insère dans son film un message d'appel à la tolérance. Il adresse par ailleurs une critique acerbe sur la politique américaine (notamment en Israël) et quant au regard rabaissant que portent les Américains sur les Arabes. La question pourtant sensible est abordée avec intelligence. Jeune étudiant arrivant en Californie, Yéhia souffre des clichés auxquels le réduisent ses collègues. Dans les années cinquante, l'Arabe associé aux idées de "tente" de "chameau", de "saleté" et de "pauvreté". Alexander, fils de Ginger et Yéhia, reproduit ces mêmes clichés. Dans une éloquence exagérée, il rejette son père sous prétexte qu'il est arabe. Cette critique, sans doute doublée d'un souci de pédagogie, alourdit le film de Chahine.

On peut aussi reprocher au réalisateur égyptien d'avoir mis l'accent sur son égo. Car ce film est tout à sa gloire : on lui rend hommage à New York (projections de Gare centrale et du Destin...), on le découvre comédien et metteur en scène talentueux (il termine major de son école)... Si Alexandrie... New York revêt une histoire personnelle, il est aussi une de réflexion sur l'évolution du cinéma.

Bineta Diagne

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