Il y a déjà quelques années que Mohamed Reggab nous a quitté [en 1990] et a laissé un vide considérable dans le champ cinématographique, mais ses traces sont toujours là. Elles ont fait de lui un réalisateur avec un cachet spécial ; à une époque où faire un film, était un défi. D'ailleurs son long métrage Le coiffeur des quartiers des pauvres n'est qu'une preuve qui révèle beaucoup de choses sur ce faiseur d'images. Et ce n'est pas fini, car le plus important c'est que notre regretté a aussi laissé derrière lui un petit bout de choux, devenu grand et qui ne jure que par le troisième œil (le cinéma), il s'appelle Younès. Ce jeune passionné, comme son père, par le cinéma, a pris la relève et a décidé de marcher sur les traces de son initiateur, seulement, Younès Reggab doit assumer une responsabilité qui n'est pas des moindres et doit bosser pour révéler ce qu'il a dans les tripes.

Minuit est donc le premier court métrage signé Younès Reggab, avec lequel il inaugure une carrière de réalisateur pas toujours facile à gérer ni à contrôler. Un travail avec comme productrice l'actrice Fatima Kheir et scénariste Mourad El Khawdi.

Youssef Britel et Rim Chmaou sont ses deux acteurs principaux.
Le film raconte la vie d'un jeune couple serein qui tourne au cauchemar. Un soupçon devenu réalité vient déranger la stabilité ainsi que l'amour de Karim et Zineb. Cette dernière a découvert que son cher époux la trompe ; une chose qu'elle n'arrive pas à avaler. Seulement Karim est loin d'être un infidèle classique selon le scénario qu'elle s'est fabriquée dans sa tête. Un point sur lequel le réalisateur a mis l'accent et a créé un suspens.

Reggab junior aurait mieux fait de développer ce nœud sur lequel l'histoire est basée, ce qui a créé une certaine faiblesse au niveau de la construction filmique. Il reste à signaler aussi que le scénario n'est pas suffisamment pimenté, surtout au moment où Zineb est parvenue à découvrir la vérité. Ce point culminant du film manque de force.

La fin classique de Minuit avec les pleurs de l'héroïne, regrettant peut être de ne pas chercher à savoir ce qu'a son époux, n'a pas beaucoup servi le film, mais ce n'est pas grave pour un premier film.

L'idée est géniale, les ingrédients aussi, une équipe jeune qui veut faire son cinéma pas mal. Minuit est donc le premier pas de Younes Reggab dans le monde magique de l'image. Le chemin est donc long devant lui pour pouvoir s'affirmer. Et il n'y a qu'une seule manière de le faire : bien travailler sur tous les plans surtout que la concurrence ne manque pas, avec le nombre des professionnels qui s'accroît de plus en plus au bonheur du cinéma marocain.

par Amina Barakat (critique de cinéma)