La 5ème édition du Festival thématique de films, de documentaires et de télévision du Benin, qui se tient du 23 au 26 avril, a ouvert ses portes hier jeudi 23, par une série de projections. Des ateliers de formation seront au menu de ce rendez-vous où une cinquantaine de films sont attendus.
Comme pour rappeler que son thème "Les métissages" n'a pas été convoqué au hasard, la 5ème édition du Festival Lagunimages a projeté au cours de sa cérémonie d'ouverture au Palais des congrès de Cotonou, Barack Obama, l'homme qu'on n'attendait pas de Roxane Frias et Perinne Dutreil. C'est un film sur l'ascension exceptionnelle du président américain Barack Obama. Le public a pu découvrir dans ce documentaire d'1h00 le charisme exceptionnel d'un homme pragmatique, qui tire le meilleur pourcentage de son aura dans l'écoute des autres. Prompt à décomplexer les gosses du ghetto dans ses habits d'animateur social, capable d'intégrer un match de basket en costume cravate, Obama pulvérise les idées reçues pour incarner très vite le symbole du changement aux États-Unis.
Le soir même, lors des projections éclatées sur plusieurs sites de Cotonou, une fiction, Valley of the innocent de Branwen Okpako, a abordé le sujet du métissage, cette fois dans une direction tourmentée. C'était à l'espace Tchif.
Eva, le personnage principal du film, est le fruit d'une union traitresse d'une Allemande et d'un Noir. Elle est parachutée dans un orphelinat où elle grandit. L'univers affectif d'Eva est aussi vide qu'il est plein. Plein du désir de retrouver ses parents, plein de questionnements sur sa vie et sur sa réelle identité. La recherche de ses parents va ainsi se transformer en poursuite de sa propre identité, qu'elle va traverser en pleurant, tandis que celle-ci l'attend, impatiente.
Film de la solitude, des déchirements, des souvenirs épars et des brins d'espoirs, Valley of the innocent explore le lourd fardeau des enfants sommés de disparaître, parce que nés pour remuer le couteau dans la plaie, pour allumer encore et toujours les braises des regrets insurmontables. Les gros plans de la caméra permettent de saisir à merveille les drames qui se jouent sur les visages, de ramener dehors des batailles intérieures. Mais comme on aurait aimé voir le film s'arrêter sur l'adieu entre l'Eva d'hier et celle d'aujourd'hui ! Le fait que le film continue après cette scène double le dénouement et vient quelque peu contrecarrer le sourire qui semblait si bien parti pour un nouveau départ dans la vie. Vous l'aurez compris, le film ouvre de nouvelles perspectives où la rencontre avec soi-même n'exclut rien, à commencer par les larmes rédemptrices. L'œuvre a été sélectionnée au Fespaco 2005.
L'Allemagne est le pays invité à cette 5ème édition du festival, pilotée par Christiane Chabi Kao, présidente du Conseil d'administration de l'association Lagunimages. Au cours de la cérémonie d'ouverture, le conseiller de l'ambassade d'Allemagne, Jens Kraus-Massé, s'est félicité de ce choix porté sur son pays avant d'ajouter : "Le Bénin nous offre par cela la possibilité rare de présenter le septième art de la façon allemande aux Béninois." Avant lui, c'est la fondatrice du Festival, Monique Phoba, qui affirmait avoir créé cette tribune parce que le Bénin est un pays de libre expression, ce qui représente une force et une richesse. Elle a aussi dit sa joie d'avoir légué à d'autres mains Lagunimages.
Fortuné Bationo, envoyé spécial au Bénin
