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Liberté provisoire, de Naoufel Berraoui
Le réalisateur Nawfal Berraoui est en liberté provisoire
critique
rédigé par Amina Barakat
publié le 30/04/2009
Amina Barakat
Amina Barakat
Liberté provisoire
Liberté provisoire
Naoufel Berraoui
Naoufel Berraoui
Touria Alaoui
Touria Alaoui
Faouzi Bensaïdi
Faouzi Bensaïdi

À l'âge de 50 ans, Ahmed, le héros du court métrage Liberté provisoire, réalisé par Nawfal Berraoui retrouve sa liberté après avoir écopé 25ans de prison. Il passe récupérer sa valise pleine d'argent ; de l'argent volé il y a longtemps et décide de rentrer chez lui. Surprise, personne n'est à la maison. Alors direction le bar du coin pour apaiser sa soif ; le temps de retrouver le courage de revoir ses siens, dont sa fille qu'il n'a pas vu grandir pendant son incarcération.
Pendant sa pose, Ahmed fait une rencontre pas comme les autres. Une jeune prostituée le drague, sans se douter du sort que lui a réservé la vie, une fois libre.

L'histoire jusque là est banale pour tisser la toile d'un film car ce n'est ni les bars ni les prostituées, encore moins les chauves-souris, qui manquent dans notre beau pays, réputé d'ailleurs par ses belles créatures disponibles pour toutes les bourses.

Ce qui est attractif dans le film c'est la fin brodée à la taille du court métrage, une fin qui représente le point fort du travail, et si le réalisateur a titré son court métrage Liberté provisoire, c'est parce qu'il sait de quoi il parle. Et justement, il raconte l'histoire de son pauvre héros récemment sorti du geôle et se retrouve incarcéré de nouveau, mais cette fois à perpétuité dans la prison de la vie.
Déçu, il va néanmoins avoir la surprise de retrouver la jeune call girl rencontrée au bar.

Notre prisonnier (rôle campé par Ali Asmai) n'a rien de spécial pour se distinguer des autres sauf qu'il se retrouve devant une réalité beaucoup plus dure et difficile à gérer, même s'il a récupéré l'argent volé par la mauvaise rencontre qu'il a fait le soir de sa libération.
La fin de l'histoire n'est que le début d'une autre encore plus compliquée à laquelle le réalisateur a voulu donner une ampleur digne d'un polar.

Naoufal Berraoui, ce jeune metteur en scène, a décidé de se mettre derrière la caméra après avoir ramassé des bons points comme acteur. Il s'est fait un nom à force de travail dans le septième art. Nawfal répond présent aux festivals nationaux et internationaux, le dernier en date est le Fespaco à Ouagadougou, la capitale de Burkina Faso, un rendez vous très important pour tous les professionnels africains de cinéma. Juste avant, il a fait partie de la compétition officielle dans la section des courts métrage du festival du cinéma national qui s'est déroulé à Tanger, d'où il est reparti mais sans aucune distinction, bien qu'il mérite un peu d'attention.

Le point fort de Nawfal Berraoui est son savoir faire filmique : notamment son casting associé à la direction des acteurs qu'il maîtrise parfaitement, à l'exemple de son héros. Le rôle est tenu par un acteur incognito (Ali Asmai). Bien qu'il soit un peu sobre et mou, il donne de la crédibilité à son personnage. La cerise sur le gâteau est évidemment l'héroïne du film, l'actrice Touria Alaoui, une grande dame du petit et grand écran. Elle dégage d'emblée beaucoup de présence, avec une interprétation quasi parfaite.

Cette très bonne actrice - dont le paysage cinématographique marocain peut être fier - est aussi la muse de notre réalisateur. Elle crève l'écran par son charme et son talent. Touria campe ici le rôle d'une prostituée qu'elle a déjà joué dans d'autres films et sous la direction d'autres réalisateurs de taille tels Fawzi Bensaidi. Avec son pouvoir de caméléon, elle s'est faite une place envieuse dans le champ artistique marocain et compte maintenant parmi les plus réputées des actrices bien de chez nous.
Dans Liberté provisoire, elle s'est mise dans la peau d'un personnage au ban de la société,une créature nocturne qui survit et répond aux besoins de sa petite famille au dépens de sa dignité et personnalité. Déjà petite fille délaissée par un père irresponsable et une mère incapable de prendre en charge sa progéniture, elle n'a comme moyen de nourrir sa famille qu'en mettant sa chair fraîche aux services des chasseurs de plaisir.

La fin du film est bien épicée et ficelée par un réalisateur dans la peau d'un acteur, une astuce pour bien gérer son travail. Il faut dire que Naoufal Berraoui, ce lauréat de l'ISADAC a commencé à prendre plaisir à faire ses films en se mettant derrière la caméra, au lieu de jouer l'acteur. Naoufal appartient donc à cette nouvelle vague des interprètes cherchant à se faire une place dans la réalisation.

Amina Barakat

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