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Lettre de Venise
Sur le pont des soupirs
critique
rédigé par Azzedine Mabrouki
publié le 31/08/2009
Venise 2009
Venise 2009

Venezia ! Le nom surgit du haut-parleur de la gare Santa Lucia à l'arrivée du train, comme dans un souffle. C'est la nuit. On descend l'escalier monumental qui donne sur le Grand Canal et suit dans les rues les flèches qui nous guident. Le temps est doux, mais Venise a dû subir la flambée du soleil le jour comme partout. Venise : volcan bouillonnant et encombrée de visiteurs le jour mais étrangement cool et déserte cette nuit. Pas un chat sur le Pont des Soupirs. Ni sur celui de l'Accadémia qui mène vers Dorsudoro où un hôtel étoilé mais pas cher (internet !) - là où Joyce, Hemingway ont dormi (publicité du lieu) - nous attend. Pour deux jours. Après ça, ce sera au Lido où la Mostra de Venise (2-12 septembre) reçoit les happy few de la presse internationale, les envoyés spéciaux des plus grands quotidiens (dont El Watan) dans les plus beaux hôtels.

Est-ce vrai ou bien la presse italienne a-t-elle le génie de la démesure (des chiffres), mais on dit que Venise a reçu 20 millions de touristes en 2008, peut-être plus encore. Au cours d'un seul week-end en mai 2008, des jours fériés, 80.000 visiteurs auraient débarqué sur la place Saint Marc. Hallucinant !
Paradoxalement, cette belle nuit de fin août est déserte encore une fois, pas le moindre échantillon de groupes avides de cartes postales ou de petites gondoles en plastique.
Ils sont déjà repartis. La rentrée scolaire approche un peu partout.

Les mêmes publications séparent deux types de touristes à Venise. Il y a les hordes autoroutières qui passent en coup de vent, quelques heures à peine ici et puis s'en vont rejoindre leurs voitures garées loin, dans les parkings de Mestre. Et ceux qui débarquent de l'Orient-Express à la recherche de la sublime splendeur de Venise, celle du palais des Doges, ceux du Grand Canal et des palaces à 500 euros la nuit. Mais ces spécimen ne sont pas très nombreux cet été. Les palaces de Venise sont à moitié vides. Et les 400 gondoliers que compte la Sérénissima sont tristement désoeuvrés.

Monter dans une gondole à Venise, c'est comme entrer dans un lieu classé monument historique. Sauf que les gondoliers pratiquent un tarif d'enfer : 100 euros la demi-heure ! À ce prix-là, mieux vaut aller à pied admirer les pigeons de la place Saint Marc... que les employés de la mairie chassent tous les jours parce qu'ils salissent les monuments et les façades des palais anciens.
L'entretien, le nettoyage de Venise, c'est un gros problème. Le coût est écrasant pour la mairie et les aides de l'État ne couvrent pas les dépenses. Du coup, Venise se prépare à exiger un droit d'entrée aux visiteurs, une taxe de séjour supplémentaire même pour ceux qui ne restent que le temps d'enjamber le pont du Rialto.
Il y a tant de quartiers délabrés et de canaux visqueux qui méritent un entretien. Les visiteurs vont aussi payer pour ça.

Cela dit, au Lido, la fièvre monte à la veille de l'ouverture de la Mostra. Le Lido, cette île superbe, calme villégiature pour les grosses fortunes d'Italie, est réveillé chaque année en septembre par un tremblement cinématographique, un déluge d'images du monde entier. Invasion suivie par un fleuve humain cinéphile.

Azzedine Mabrouki

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