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Le président a-t-il le sida ?, d'Arnold Antonin
La rançon de la gloire
critique
rédigé par Jacques Bessala Manga
publié le 25/09/2009
Jacques Bessala Manga
Jacques Bessala Manga
Arnold Antonin
Arnold Antonin
Le président a-t-il le sida
Le président a-t-il le sida
Le président a-t-il le sida
Le président a-t-il le sida
Jimmy Jean-Louis
Jimmy Jean-Louis

Le film du réalisateur haïtien est fortement militant et prône la sexualité responsable.

Pour avoir été primé au Fespaco en 2007, Le président a-t-il le sida ?, le dernier film de fiction du Haïtien Arnold Antonin, n'a pas laissé indifférents les spectateurs du Centre culturel français de Yaoundé lors de sa projection lors du festival Écrans noirs 2009. "Un président" malade du Sida est forcément une curiosité, du fait de la forte évocation suggestive qu'il charrie, de par la nature même du personnage du président.

Le film met en scène Dao, un chanteur à succès, auteur d'airs populaires dont les foules extasiées raffolent, idole de tout un peuple qui l'a élevé au rang de "président". Tout lui est acquis.
La gent féminine, qui s'enivre de ses mélodies de zouk et d'autres rythmes populaires que seules les Caraïbes savent produire, constitue des proies faciles de ce coureur de jupons impénitent. Sa vie est donc un rêve permanent, fait de luxure, d'alcool, de drogue et de plaisirs faciles. Ce qui ne lui vaut pas que des amis, y compris parmi ses propres collègues de l'orchestre dont il est le chanteur attitré.
Épris de Nina, une fanatique venue assister à un de ses bals populaires, dont il prend la défense face aux assauts maladroits de Monsieur Lerieux, un amoureux malheureux. Une idylle va naître entre eux. Cependant, une rumeur sur la maladie du président circule dans une opinion avide de sensationnel, amplifiée par des détracteurs décidés à défaire la célébrité du président. Tous les coups sont permis.

Le quotidien tantôt burlesque, parfois attachant, souvent grave, mais résolument militant constitue l'essentiel de ce scénario simpliste et prévisible. Le coup de foudre entre Dao et Nina va inévitablement aboutir à une union atypique. Ce qui déconstruit les tabous et l'anathème qui pèsent sur la maladie du sida.

Le film traduit la déliquescence de la société haïtienne, fatalement engluée dans une histoire séculaire troublée depuis deux cents ans, en proie à la corruption, la misère, au syncrétisme religieux. La maladie de Dao va successivement le conduire chez le prêtre vaudou et chez le pasteur exorciste, tous vendeurs d'une illusion que seule la lucidité de son égérie, Nina, va sauver d'une mort programmée. Bravant tous les risques, à la poursuite d'un amour inaccessible, la jeune femme va extraire Dao de tous les charlatans qui essaiment Haïti, pour que des soins appropriés lui soient prodigués. Sa vie reprendra à peu près normalement. Le chanteur fera une confession publique lors d'un concert et appellera à une conscientisation sur la maladie.

Aidé d'un montage très audacieux, qui permet des transitions rapides et des répliques judicieuses, soutenu par des musiques particulièrement entraînantes qui pourraient l'assimiler à un film musical, Le président a-t-il le sida ? mérite d'être présenté à des publics jeunes, pour la charge émotive qu'il dégage. Mais surtout, pour le message fort qu'il porte. Les malades du sida ne sont pas des damnés. Sa présence en compétition officielle lors des Écrans noirs 2009 est plus que remarquée, en ce qu'elle trace le sillage de ce que doit être un film populaire, mieux, un film militant.

Même s'il n'est pas monté pas sur le podium, le film aura déjà reçu la plus grande récompense qu'on puisse offrir à un créateur. Le public qui a longuement applaudi à la fin de la projection au Centre culturel français de Yaoundé en est la parfaite illustration.

Jacques Bessala Manga

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