AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
24 935 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Au Maroc, le cinéma fait honneur aux femmes
3ème Festival International du Film de Femmes de Salé - du 28 septembre au 3 octobre 2009
critique
rédigé par Meriam Azizi
publié le 20/10/2009
Meriam Azizi
Meriam Azizi
Annemarie Jacir
Annemarie Jacir
Cherien Dabis
Cherien Dabis
La Recette Secrète de Fawzia (Khaltet Fawzia / Fawzya Special Blend) de Magdi Ahmad Ali
La Recette Secrète de Fawzia (Khaltet Fawzia / Fawzya Special Blend) de Magdi Ahmad Ali
Magdi Ahmad Ali
Magdi Ahmad Ali
Kalthoum Bornaz
Kalthoum Bornaz
Kharboucha d'Hamid Zoughi
Kharboucha d'Hamid Zoughi
Hamid Zoughi
Hamid Zoughi

Pour sa troisième édition, le festival International du Film de Femmes (FIFFS) n'a pas lésiné sur la qualité et la richesse et du programme et des invités. Pourtant, l'année dernière, l'association Bouregreg, à l'initiative de ce rendez-vous désormais annuel, a dû reporter la manifestation. Et pour cause. Il a fallu trois mois de labeur et un budget de l'ordre de 5 millions de DH pour réaménager et doter la salle de cinéma "Hollywood" de l'équipement nécessaire afin d'abriter le festival dans les meilleures conditions possibles. Ce projet de rénovation est compris dans la mise en œuvre de la rénovation de l'infrastructure de la ville de Salé.

Le coup d'envoi a été donné par Amerrika de Cherien Dabis primé par la Fipresci à la Quinzaine du Festival de Cannes. Au menu, une compétition officielle de grande envergure rassemblant 12 longs métrages de tous pays confondus abordant sous différents angles le thème de la femme. Avec une liste de films qui refléte bien l'étendue géographique (4 continents réunis) qui rend au festival tout son prestige [1].
Les projections ont été soumises à l'appréciation d'un jury entièrement féminin [2] présidé par l'actrice Isolde Barth (membre de l'académie Franco-allemande du Cinéma).

Le cinéma palestinien à l'honneur

À la compétition officielle se rajoute la rubrique du cinéma invité. Pour cette édition, le comité d'organisation a jeté son dévolu sur le cinéma palestinien à travers une programmation dense. Le complexe Dawliz a accueilli à cet égard une projection de 25 films entre courts-métrages et documentaires, étalée sur une durée de 3 jours et regroupée consécutivement selon trois thèmes : Couvre-feu, Mémoire et terres confisquées, Nous aimons le foot et la vie.
Pour commémorer cette alliance palestino-marocaine, était présente parmi nous, Alia Arasoughly, figure de proue du paysage cinématographique des Territoires occupés. À la fois réalisatrice, chercheur et critique de cinéma, l'infatigable artiste est aussi la fondatrice de la société Shashat (Écrans), une organisation arabe sise à Ramallah dont l'objectif est la promotion des femmes arabes cinéastes. Parmi les activités de la société, la création du Festival Annuel des Cinémas de Femmes en Palestine. Dans sa volonté de consolider les liens entre les deux festivals aux préoccupations communes, une convention de partenariat a été signée. Afin de marquer cette initiative, Arasoughly s'est vue décerner le trophée du FIFFS.
Dans le même esprit, un deuxième grand hommage a été réservé à une dame travaillant durant de longues années à l'ombre du réalisateur, poète, scénariste et écrivain Ahmad Bouanan. Il s'agit de la décoratrice, scripte et maquilleuse Naïma Saoudi-Bouanan. Autodidacte, sa plus grande école est le plateau du tournage sur lequel elle a exercé toute un pan de sa vie jusqu'à faire de son nom qui figure dans presque tous les génériques marocains, un nom familier.

Un florilège marocain

Le FIFFS a été aussi l'occasion de fêter le 51ème anniversaire du cinéma marocain et récompenser sa production engouée et prolifique. Un florilège de 6 longs métrages nous a fait redécouvrir des réalisatrices phares qui ont contribué à la construction de la cinématographie marocaine, citons la pionnière Farida Bourquia, Farida Benlyazid, Zakia Tahiri, Leila Kilani et Yasmine Kassari.

Débattre des difficultés relatives à la production

Une table ronde avec des professionnelles du métier a été organisée afin de soulever les difficultés relatives à la production. Agora films une société de production marocaine 100 % féminine nous a livré son témoignage en la personne de Bénédicte Bellocq et de Souad Lamriki. À retenir, qu'en matière de coproduction, la boîte enregistre un nombre de films non négligeable.
Au bonheur des cinéphiles, étudiants en cinéma et jeunes réalisateurs, Agnès Jaoui a assuré avec prestance, modestie et générosité la rencontre intitulée Leçon de cinéma : Écriture du scénario au féminin, précédée par la projection de Comme une image (sortie 2004) dont l'actrice au talent reconnu a signé la réalisation. L'invitée n'a pas hésité à faire part au public de son attachement à sa "maghrébinité" en tant que Française d'origine tunisienne et de l'urgence des questionnements autour de la condition de la femme aujourd'hui.

Le Palmarès

Le grand prix est revenu à Fausta, le lait de la douleur de la Péruvienne Claudia LIosa. Argument du jury : Un film "profond et poétique, qui dresse un portrait sensitif du monde de la femme" a mentionné la cinéaste marocaine Imane Mesbahi. Le film américain Windy & Lucy de Kelly Reichardt a reçu le prix spécial du jury séduit par la force de cette œuvre produite par les propres ressources de sa réalisatrice.
Pour la maîtrise de son écriture, Snow de la Bosniaque Aida Begic a reçu le prix du scénario. Un prix qui vient se rajouter au Grand prix de la critique au Festival de Cannes 2008 et à celui de Prix Mohamed Reggab et Prix Azzeddine Meddour pour la première œuvre au festival méditerranéen de Tétouan.
Le prix de l'interprétation a été décerné à l'actrice marocaine Houda Sedki pour son rôle principal dans Kharboucha d'Hamid Zoughi, déjà primé au 10e Festival National du Film.
Quant au prix de l'interprétation masculine, c'est l'acteur égyptien Fathi Abdelwahab qui le décroche pour son rôle dans La Recette Secrète de Fawzia de Magdi Ahmed Ali.

Vivement la prochaine édition !

Une semaine bien chargée d'instruction et de divertissement, parsemée de moments à la fois magique et symbolique, tel celui où, à l'appel du présentateur de la soirée de clôture, une poignée de femmes aux parcours consacrés, aussi différents que remarquables a envahi la scène sous un tonnerre d'applaudissements. Cette édition, plus affermie que la précédente, a pu offrir au public de Salé un voyage universel marqué du seau de la diversité socioculturelle.
Au prochain rendez-vous !

Meriam AZIZI

Article paru le lundi 19 octobre 2009 sur afrik.com, repris avec quelques modifications.

Films liés
Artistes liés
Structures liées
événements liés