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Viva Laldjérie, de Nadir Moknèche
Tout montrer, tout dire ?
critique
rédigé par Seltana Hamadouche
publié le 30/10/2009
Nadir Moknèche
Nadir Moknèche
Viva l'Aldjérie
Viva l'Aldjérie
Viva l'Aldjérie
Viva l'Aldjérie
Viva l'Aldjérie
Viva l'Aldjérie
Nadir Moknèche
Nadir Moknèche
Biyouna
Biyouna
Le "Maghreb des films Paris - banlieue" 2009
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Films du Losange
Films du Losange

Viva Laldjérie, deuxième film de Nadir Moknèche, est sans aucun doute, son meilleur film. Par ailleurs, il est le film le plus marquant de cette nouvelle décennie. Se voulant plus incisif que Le Harem de Madame Osmane (2000) et ayant recours, encore une fois, à Biyouna actrice très populaire en Algérie, ce film offre un regard sans concession sur l'Alger de l'après-terrorisme. Goucem, jeune algéroise de 27 ans, travaille dans la boutique d'un photographe. Sa mère, Papicha (Biyouna), vit avec ses souvenirs de danseuse de cabaret. Sous la pression du terrorisme, elles ont dû quitter leur cité de la banlieue d'Alger (Sidi Moussa) pour se réfugier dans un hôtel du centre ville où Goucem fait la rencontre de Fifi, une jeune prostituée.

Dans Viva Laldjérie, tout est montré. Des jeunes femmes faisant l'amour, fréquentant les bars ou se prostituant, des notables embarrassés, une ancienne danseuse qui rêve de rouvrir un ancien cabaret, des jeunes chômeurs portant les murs et leur désœuvrement ("hittiste" est l'équivalent du mot chômeur. C'est un terme constitué du mot arabe "hit" (mur) et du suffixe français, "iste"), des voleurs, etc. Ces chômeurs, personnifiés dans le film par Samir le dragueur, qui s'adossent contre les murs, ont façonné le terme "Laldjérie" ; mélangeant le nom français Algérie avec le nom arabe "El Djazaïr" pour créer un nouveau mot, comme beaucoup d'autres qui entrent chaque année dans le parler algérien.

Viva Laldjérie tente de montrer la vie qui se déroule dans une société en déliquescence : le vol, la prostitution, les relations affectives et sociales biaisées, le port d'armes, l'indifférence, le mensonge érigé en principe, l'homosexualité et le meurtre. Car pour Moknèche, un cinéaste n'est pas là pour flatter sa société ou pour conforter les schémas et les stéréotypes que les gens se fabriquent. Il ne s'agit pas non plus de montrer que les Algériens sont les meilleurs, les plus beaux, les plus gentils, les plus purs ; d'autant plus qu'il y aura toujours des gens qui prétendront que les prostitués, les travestis, les vagabonds, les alcooliques, n'existent qu'en Occident. D'autres, pour penser qu'Alger est une mosquée à ciel ouvert.

Ce film, traitant de la menace intégriste, prend le parti des victimes et met en scène leur quotidien pas toujours facile, alors que les "bourreaux" n'apparaissent jamais à l'image. Néanmoins, bien qu'il y ait absence du sang de la guerre et des attentats, tout est là, tout est suggéré en permanence, avec une extrême finesse, notamment à travers les dialogues où des termes tels que "attentats", "barbus", "intégrisme", "amputés", etc. sont récurrents, à savoir : l'intégrisme peut s'abattre à tout moment sur ces femmes trop libres et vivant seules. Dans ce sens, ce film saisit le conflit dans ses dimensions les plus effrayantes.

Seltana Hamadouche

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