Le cinéaste français Jacques Baratier s'est éteint à l'âge de 91 ans, le 27 novembre dernier, laissant derrière lui une filmographie aussi riche que diversifiée. L'un des moments forts de sa longue carrière a été la réalisation sous nos cieux de son film Goha le simple pour lequel il reçu en 1958 le prix du Jury au festival de Cannes où Goha fut présenté en tant que film tunisien. En fait, avec ce film Jacques Baratier avait signé la première production cinématographique de la Tunisie indépendante puisqu'il est produit par le gouvernement tunisien de l'époque comme le mentionne bien le générique.

C'est aussi l'œuvre qui a révélé au public international le talent du grand acteur égyptien Omar Chérif. Mais au casting, on découvre également : Claudia Cardinale encore adolescente, Hasiba Rochdi, Zohra Faiza et la danseuse Zina Bouzaiane (Zina & Aziza).
Quant à la fable, basée sur un conte populaire arabe, elle raconte l'histoire de J'ha (Omar Chérif), un jeune homme simple et facétieux, inséparable de son âne, qui tombe amoureux de Fulla (Zina Bouzaiane), la jeune et belle épouse de Taj el Ouloum, professeur à l'Université de la Zitouna. Alors le scandale éclate…

Baratier adopte dans ce film un traitement plutôt poétique qui rompt avec les stéréotypes de l'arabe dans le cinéma occidental. Le film restauré fut représenté de nouveau à Tunis lors des JCC 1994.

Jacques Baratier qui est contemporain des cinéastes de la Nouvelle Vague et qui fut même assistant de Jean-Luc Godard pour Masculin, Féminin en 1966, évoluait en marge de tous les courants. "Le cinéma de Jacques Baratier est extrêmement poétique, mais très juste et souvent prémonitoire. Ses films se distinguent par un réalisme très puissant. Il était peu connu du grand public mais son œuvre est essentielle et mériterait une grande rétrospective", a déclaré la comédienne française Bernadette Laffont.

Mahrez Karoui

Tunis, le 05/12/2009 (Article paru sur [le blog de Mahrez])