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Comment toucher ?, de Prudence Théophile NGWE II
Et que la sensibilité soit road !
critique
rédigé par Martial Ebenezer Nguéa
publié le 10/02/2010
Martial E. Nguéa
Martial E. Nguéa
Prudence Théophile NGWE II
Prudence Théophile NGWE II
Comment toucher ? : Pont Faidherbe (St-Louis, Sénégal)
Comment toucher ? : Pont Faidherbe (St-Louis, Sénégal)

Le premier film du cinéaste camerounais Prudence Théophile NGWE II est un documentaire sur une tournée sur une création de théâtre et sa diffusion.
Le cinéma et le théâtre entretiennent une relation très fine. De point de vue de leur consanguinité. La capacité à émouvoir, à toucher la sensibilité du spectateur. Seule la démarche créatrice semble de fois établir la différence. C'est pour nous montrer les rapports que peuvent entretenir ces deux arts que le jeune cinéaste camerounais Théophile NGWE II est allé tirer son film, Comment toucher ?. C'est pour nous faire part de ses émotions qu'il a fait un film sur la tournée africaine du spectacle "anatomies 2009. Comment toucher?", une tournée sur 10 pays avec 15 représentations. Le tout se fait en 70 minutes.
Le film a été diffusé au Sénat français en 2009 dans le cadre de la sensibilisation des sénateurs de l'hexagone à une meilleure perception de l'Afrique et ses populations.

D'emblée, l'affiche du film déroute. Il nous envoie davantage vers une pièce de théâtre qu'à un film. On a l'idée que la relation a été trop forte entre les acteurs de théâtre et le réalisateur. Mais on fait vite d'oublier ce point de vue. Première image, ouverture sur le Congo. Première étape de la rencontre. De ce fait, l'image relève l'à propos du film. Ce n'est pas un film de commande. C'est juste un film sur le fil des rencontres au cours d'une tournée. Pour partager ces émotions, le réalisateur est allé chercher dans le style du récit direct.

Le film a peu d'intertitres, en réalité ce sont des plaques de renseignements qui informent sur les villes et pays que l'on traverse. Le film est sans voix off. Les voix sont celles des ambiances des artistes et du public et qui guident le spectateur dans ce vaste voyage en route. Les images et les sons qu'elles émettent suffisent pour plonger dans l'ambiance de la tournée et donc en même temps pas de parti pris de la part du réalisateur. Nous sommes dans un cinéma bien parlant où la voix des personnages ainsi que l'image prédominent. Le réalisateur choisit sciemment ses images. Le film commence au bord du fleuve Congo.
Le spectateur a le temps de prendre contact avec les sujets. Il évolue avec l'équipe qui traverse 14 pays africains par route.
De Damien Gabrial, Marie Laure Crochant en passant par les danseurs congolais, le réalisateur laisse voir la spontanéité. Ce qui confère au film cette option de documentaire au récit immédiat et, de ce fait, nous renseigne sur le comment saisir l'Afrique et ses hommes : on entre dans la captation de leurs moments de vie de ville en ville et on a une idée précise de leur réalité.

Loin du didactisme, le film a quelque chose d'intrigant : son prétexte. Nous sommes autour de l'année 2008, lorsque le cinéaste fait la rencontre du metteur en scène Roland Fichet (directeur du Théâtre de Folle Pensée, Saint-Brieuc), lui soumet son désir de faire un film sur le travail. L'histoire durera un an. D'ailleurs, le titre de l'œuvre ne cherche pas loin. Outre le prétexte de la tournée, c'est le portrait physique d'un continent dans l'abîme des préjugés divers que semble susciter la sensibilité du regard du jeune cinéaste. C'est aussi le regard sur cette population qui permet de trouver le point de transgression de l'influence incestueuse dans l'esprit du Prudence Théophile NGWE II qui semblait troubler la juste note de son regard de cinéaste.
Cependant, le film articule sa démarche sur le voyage par route dans une Afrique où il est généralement dit que les voies de communication sont les moyens les plus rares. Ici, l'image diégétique a conservé est cette marge d'optimisme que l'auteur laisse entrevoir de l'Afrique et ses réalités. L'Afrique des images diffusées à travers le monde serait bien loin de celle que l'on vit, partage le quotidien de ses populations qui très peu d'ailleurs sont engoncées dans les guerres multiformes diffusées sur les chaînes de télévision.

Le film est une belle balade à travers plusieurs pays du continent africain. Cependant, la fébrilité du réalisateur laisse entrevoir sa difficulté à se détacher d'un type d'ambiance qui coince le film. On a tout le mal du monde à rentrer véritablement dans le comment toucher ?; nonobstant quelques mots relativement fort sensibles qui peuvent si souvent toucher notre pudeur. Encore que… le réalisateur a une géniale idée de faire un road-movie dans son documentaire. Mais sa timidité de jeune réalisateur ne laisse pas beaucoup exprimer le spectacle sur lequel le temps du film est calqué. C'est aussi le type de sujet très abordé par les jeunes réalisateurs.

Martial E. NGUEA

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